Territoire
Songe à l’allégresse
Ce mot lave la violence en toi, en tout
Ou la véhicule en silence, par pression
Ogresse de lave, avoisinant ton cœur
Au crépuscule, un soir quelconque
De la voie sinueuse pourrait jaillir
De ce sein gonflé d’aspérités, surgir
De ce puits la brumeuse voix d’un volcan
La singularité d’une allégresse
Au goulot de cette aire habitée par le flou
Sur lequel le réel ne cesse de buter
Du flou naît la vague, songeuse et caressante
Le vague fait un fou, de l’âme aimante ou désireuse
Les laves démentent la tiédeur des apparences
L’esprit n’est pas que songe ou apparition
Il transparaît, transpire, transperce
Et la transe passe quand l’homme est pacifié
La torpeur est une nasse, dans laquelle on nous somme de sauter
Or, le double à la conscience ou le repaire du sommeil
Ils adoubent ce mythe que trop boudent
Auquel pour trois bouts de pain l’on renonce
Au quai las et froid : les pourtours mités du volcan
L’ogre est la mythologie de ces lieux, de ce puits
L’allégresse y est pouvoir, dans ces couloirs de nuit
Et si plutôt qu’insincère et renonçant, depuis le noir
Et si depuis le noir, une semonce montait ?
Ce mont se montrerait sous un autre jour : au soir
A la bascule, oui, monterait le crépuscule
Et de Monterrey à la Palma on entendrait
Le chant crépusculaire ici ou là
Louvoyant dans l’air, les rideaux violets de la nuit
De la vaillance du noir surgirait la fluorescence
De la lave alliant sa voix aux océans
La terre ralliant les airs, par allégresse
Et le grincement du souffre et du sel, liant leurs forces
L’île ensorcellerait le paysage pour des millénaires
D’un pincement le rêve se lierait à la page
Posant paisiblement, à la violence de la lave en toi
Un pays connu, visiblement, de toi seul
Un territoire esseulé comme nous en sommes tous
Terrain pour une histoire, terreau pour les semis
Pour les semences d’allégresse, semence à d’autres vues
De se joindre à ce manteau de terre, alegría subtile
A ce morceau d’île, que les grillons veilleront de leurs lueurs
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle