Territoire - Crépuscule d'un cycle - Jean-Marie Loison-Mochon

Territoire

Songe à l’allégresse

Ce mot lave la violence en toi, en tout

Ou la véhicule en silence, par pression

Ogresse de lave, avoisinant ton cœur

Au crépuscule, un soir quelconque

De la voie sinueuse pourrait jaillir

De ce sein gonflé d’aspérités, surgir

De ce puits la brumeuse voix d’un volcan

La singularité d’une allégresse

Au goulot de cette aire habitée par le flou

Sur lequel le réel ne cesse de buter

Du flou naît la vague, songeuse et caressante

Le vague fait un fou, de l’âme aimante ou désireuse

Les laves démentent la tiédeur des apparences

L’esprit n’est pas que songe ou apparition

Il transparaît, transpire, transperce

Et la transe passe quand l’homme est pacifié

La torpeur est une nasse, dans laquelle on nous somme de sauter

Or, le double à la conscience ou le repaire du sommeil

Ils adoubent ce mythe que trop boudent

Auquel pour trois bouts de pain l’on renonce

Au quai las et froid : les pourtours mités du volcan

L’ogre est la mythologie de ces lieux, de ce puits

L’allégresse y est pouvoir, dans ces couloirs de nuit

Et si plutôt qu’insincère et renonçant, depuis le noir

Et si depuis le noir, une semonce montait ?

Ce mont se montrerait sous un autre jour : au soir

A la bascule, oui, monterait le crépuscule

Et de Monterrey à la Palma on entendrait

Le chant crépusculaire ici ou là

Louvoyant dans l’air, les rideaux violets de la nuit

De la vaillance du noir surgirait la fluorescence

De la lave alliant sa voix aux océans

La terre ralliant les airs, par allégresse

Et le grincement du souffre et du sel, liant leurs forces

L’île ensorcellerait le paysage pour des millénaires

D’un pincement le rêve se lierait à la page

Posant paisiblement, à la violence de la lave en toi

Un pays connu, visiblement, de toi seul

Un territoire esseulé comme nous en sommes tous

Terrain pour une histoire, terreau pour les semis

Pour les semences d’allégresse, semence à d’autres vues

De se joindre à ce manteau de terre, alegría subtile

A ce morceau d’île, que les grillons veilleront de leurs lueurs

 

Jean-Marie Loison-Mochon

Crépuscule d’un cycle

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