Les heures des frontières
En remontant jusqu’à toi
De ton temps au mien
Depuis le tien s’ajuste la mire
S’ajuste un ton de lenteur, et silence et retrait
Je le tiens de toi, du bruit et des bris d’alors
Au juste est-ce insensé ou absurde ?
Comme un regard d’au milieu la nuit, qui bride l’heure
La justesse du sauvage, et le noir qui assourdit
Tu te juchas dans les silences, le Nord t’asservissait
Sauf à jouer au désir, au corps, à l’effort ou aimer
Comme un chat à te percher, viscéralement sauvage
Tu dévisses et rarement l’orage te touche
Comme un chat, à chercher la vie et ses râles morts au ciel
Ta vigueur est nuit, tu l’as chèrement construite
Car ta candeur d’enfance y fuit, l’inertie du jour
Tant d’heures au corps à corps avec tes bris
Bien sûr que tu ne peux, courir les bruits du jour
Ton cœur ne dormait pas, il veillait l’esprit
Il émiettait le sûr, ébruitant un futur
Le jour est une lanière, la nuit une tanière
De ce fait tes temps et mes temps, hier ou aujourd’hui
Nos temps, sont aux heures des frontières
Il n’y a rien de honteux à se dédire des clartés
Non tant pour différer que par différence
Païen au jour et alors ? A mort la déférence
Ton temps émet dans le mien : tu veux te défaire
Emettant par le sang, ni fier ni rien se référant au mieux
L’idée de faire du feu aux minutes limitrophes
Aux frontières sont nos espérances d’un mieux
Car le jour est un mur, qu’il faut faire mûrir
Quand il est à mourir, ou à renaître du stellaire
Il y a quantité de particules dans nos sangs, crépusculaires
Toi, ancienne entité comme apparue ici
Fous-toi des matricules, de te comparer
Tu douteras car on te fera comparaître
On te bousculera au tribunal des jugements
Mais la boue ne macule que ceux qui vénèrent le blanc
Toi, moi, notre sang bout à l’heure des blancheurs
A l’heure de l’autre frontière, quand tout s’embrase
Quand tout semble à même d’irradier
Tu ne seras pas semblable et rien n’est radieux
Mais que ce soit la rade ici ou l’horizon
Rien n’est blême à condition que tu aimes
Alors méprise ceux qui te jugent
Mais irise-toi de ceux en qui tu sèmes
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle