Ferveur - Crépuscule d'un cycle - Jean-Marie Loison-Mochon

Ferveur

Te souviens-tu de récemment ?

De récemment pour toi

D’il y a quinze ans pour moi

La ferveur n’est pas un mot qui te parle

Mais je t’en parle car il te parcourt

Il te parcourut récemment

Bien que tu ne l’aies pas lu, ou inconsciemment

Moi je l’ai trop lu et lui préfère d’autres mots comme joie

Mais ferveur je la ressens comme toi, puissamment

Musique entêtante et puis ça monte, ça monte

Frénétique en tout point

Toi aussi tu sens ce poids, qui s’élève

A la musique tu t’élances, et ta ferveur danse

Oui dans ce corps, la fluorescente adolescence

Et moi dans ce même corps, elle m’arpente

Ferveur sans redescente, fièvre enserrant les pensées

Je ressens l’effet volage, et cette rage à être

Mais une rage de douceur, comme un orage d’été

Dont l’air avant ou après est comme habité

Ferveur, traduis-la électricité

Ici c’est toi que je revois, marcher, voler, à vélo

Tu pars faire vœu de désir, convoler en pensées

Tu pares à l’incendie en t’embrasant

Volant vers ce qui te possède

Eh bien je pars aussi, embrasser des instants

Versant dans l’instinctif : être au côté de

Ferveur te fit, me fait, comme être à côté de moi

Je pare à l’incendie, sans parodier le passé

Je pars en disant ferveur ou joie, la retrouver

Dix ou quinze ans plus tôt, ce genre de feu te couvait

Eparpillant les distances, vers l’égérie du feu

Légère et brillante animalité : la liberté

Ebriété du sauvage civilisé : tendresse prisée

Les rouages errent en moi, désordonnés

Des heures données à ces bras, désordre de paroles

Je pare aux lieux communs sans en dire trop

Je peux t’en dire au moins ferveur ou joie

Je te tends des dires de crépuscule

Je suis sûr que tu entends, des îles dont je te parle

Je te susurre qu’en temps d’incendie

A toi, en tant qu’incidence passée

Je te murmure qu’ici danse un même semblable

Bien qu’en ces digressions de vie

Rien ne soit comparable mais cyclique

Et c’est qu’il fallait que je te le dise,

Nous, vulnérables

Que tout parfois s’irise, comme un incendie au soir

Que ce parfum électrise bien des histoires

Que ce feu part et revient, catalysant les décisions

 

Jean-Marie Loison-Mochon

Crépuscule d’un cycle

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