Ferveur
Te souviens-tu de récemment ?
De récemment pour toi
D’il y a quinze ans pour moi
La ferveur n’est pas un mot qui te parle
Mais je t’en parle car il te parcourt
Il te parcourut récemment
Bien que tu ne l’aies pas lu, ou inconsciemment
Moi je l’ai trop lu et lui préfère d’autres mots comme joie
Mais ferveur je la ressens comme toi, puissamment
Musique entêtante et puis ça monte, ça monte
Frénétique en tout point
Toi aussi tu sens ce poids, qui s’élève
A la musique tu t’élances, et ta ferveur danse
Oui dans ce corps, la fluorescente adolescence
Et moi dans ce même corps, elle m’arpente
Ferveur sans redescente, fièvre enserrant les pensées
Je ressens l’effet volage, et cette rage à être
Mais une rage de douceur, comme un orage d’été
Dont l’air avant ou après est comme habité
Ferveur, traduis-la électricité
Ici c’est toi que je revois, marcher, voler, à vélo
Tu pars faire vœu de désir, convoler en pensées
Tu pares à l’incendie en t’embrasant
Volant vers ce qui te possède
Eh bien je pars aussi, embrasser des instants
Versant dans l’instinctif : être au côté de…
Ferveur te fit, me fait, comme être à côté de moi
Je pare à l’incendie, sans parodier le passé
Je pars en disant ferveur ou joie, la retrouver
Dix ou quinze ans plus tôt, ce genre de feu te couvait
Eparpillant les distances, vers l’égérie du feu
Légère et brillante animalité : la liberté
Ebriété du sauvage civilisé : tendresse prisée
Les rouages errent en moi, désordonnés
Des heures données à ces bras, désordre de paroles
Je pare aux lieux communs sans en dire trop
Je peux t’en dire au moins ferveur ou joie
Je te tends des dires de crépuscule
Je suis sûr que tu entends, des îles dont je te parle
Je te susurre qu’en temps d’incendie
A toi, en tant qu’incidence passée
Je te murmure qu’ici danse un même semblable
Bien qu’en ces digressions de vie
Rien ne soit comparable mais cyclique
Et c’est qu’il fallait que je te le dise,
Nous, vulnérables
Que tout parfois s’irise, comme un incendie au soir
Que ce parfum électrise bien des histoires
Que ce feu part et revient, catalysant les décisions
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle