Sensations d’alors
Le sang pulsait, j’étais impulsion
Nos deux terres une fusion certaine
Enveloppes légères, en comparaison des hydres du monde
A flairer l’infini en volutes d’imprécis
Désir, d’en découdre sous un même tissu
Le fil était nôtre, jeunesse de ce territoire
Je ne sais pas ce qu’il y a eu depuis, je n’ai plus cette embellie-là
Un volcan peut-être ne naît-il qu’une fois
Et qu’ensuite il revit des joies, des joies, des joies
Mais tout était déjà là, à la première gorgée de magma
Je n’irai pas dire que tout se déjouait déjà
Nous avions du panache et volions d’éclats
Vos fauves, disait la nuit, sont prêts à s’insurger
Et je crois justement, que nous n’avions rien à purger
Ni peine, ni passé, ni expérience trop pesante
Juste l’explosif aérien de ces mille feux entêtants
A la fontaine de lave en ces mille fois
Hantés l’un de l’autre, ou de notre nature
A l’anse de ces genres de brisures telluriques
A s’enchanter, ou plutôt s’en déclencher de mêmes airs
Nous étions une même pluie de cendres
Y revenions sans cesse, sous les lampions du ciel
Les langues pendues sur le lit des laves en dormance
Sur l’oreiller de nos pentes, jamais en rade, toujours en quête
Antiques alors que neufs, entichés d’éclore, percer, jaillir
Et je questionne beaucoup cet état d’une première ère
Je ne vois pas tant d’erreurs depuis, j’ai juste vécu
Mais de puissance vierge et fulminante, je me laisse envahir parfois
De souvenirs
Non en décrépitude ou errance aujourd’hui, au contraire
Mais je caresse nos contrées comme celles de ton corps
Comme une étendue drainante ou irradiante
Etudiant mes sensations d’alors, et bouillants qui sait ?
Tous deux d’une inquiétude et d’en vouloir ainsi exploser à plein
Au plus vite, au plus imprécis, sans pouvoir parer pourtant
L’indécision, l’incertitude, ces doutes qui se façonnent :
Futur
Dès lors que la vitalité de nos veines semblait se taire
Bien qu’il n’y ait pas d’éteignoir pour ces corps-là
A part la mort, le désespoir
Mais non, je suis encore bien
Encore bien loin de là
Jean-Marie Loison-Mochon