Depuis un jardin de cendres
Quand la hauteur aura explosé
Il se peut qu’il n’y ait rien à faire
Il se saupoudre du vent, tracé par les cendres
Nauséabondes ou ne s’affairant qu’à l’air
Et ce que je voulus voilà longtemps
Fut-il si plein de sens ?
Saccagé depuis : c’est que ça se joue ainsi
L’amour
Croissance lumineuse dans l’obscurité, d’une cheminée
Ou cheminement d’une énorme toux, qui s’en va réduire à rien
Le rayon d’action est vastement microscopique
Le cœur
Je le crayonne à la lumière du passé
Quand tout céda soudain sous des fureurs conjointes
Pour ainsi se disjoindre, et bien sûr il y avait eu des indices
Qu’au lendemain je me trouverais au fond d’un petit jardin
Dans une petite maison, quasi cabane : c’est un abri, un refuge
Et je n’étais pas débris alors, plutôt brise manifeste et désireuse
Dessinée par les cendres, émanant d’une chaleur apocalyptique
Puisque la fin d’un amour est la fin d’un monde
Refrain tu soudain, le diptyque perclus de contusions
Je suis de ces feux-là, ils sont ma piste, mon élan
Je suis un envol incessant, une explosion
Nuage et puis soudain plus précis : pluie
De scories, projections rocheuses : positions fossilisées
Je haïs l’idée de possession : je ne voulus qu’aimer
Quand dans d’autres bouches éruptives, cela se dit quemar
Et que le mal m’a pris ce jour-là ? non
De me reprendre, de plein droit et nous en avons convenu
Que notre heure était venue, puisque de toute manière le volcan avait rompu
La complicité m’était repaire, mais aussi la soumission repas
Et de signes avant-coureurs, jusqu’à me retrouver dans ce jardin de Pâques
Je fus repu, gavé, tortueusement suralimenté
Jusqu’à ce que tout ça de lave ne put plus que s’en remonter
J’aurais voulu la réalité autre, et autrement bien distincte
Mais je dus me résoudre à cesser
De recoudre un abime en feu, d’un seul fil
Funambule de l’absurde, je mis l’ultime coup de savate
Chose savante et sismique, pour faire tout imploser
La colère et sa sincérité
Ou est-ce l’inverse ? reste que la réalité en hérita
Et la gorge de mon volcan s’irrita tant qu’elle me projeta
Dans ce petit jardin, cette cabane comme sœur
Pour tout recommencer, jusqu’à semer des feux nouveaux
Renonçant à ceux dont j’avais tant fumé, pour lesquels j’avais fomenté jusqu’à l’avenir
Mais il eut été forfanterie de continuer ainsi
Sous terre de se mentir, sans pouvoir rugir d’un air libre
Jean-Marie Loison-Mochon