Quimper 94+26+2
La ville ne fait pas de parallèles
La vie pas plus, elle n’en a pas l’allure
Le pouls papillonne sous la lueur
Tout s’éparpille au temps
Et ville tes rues se parent à nouveau
De ce qu’on parte, de ce qu’on partage
Quand par touches et cohortes d’instants
De temps en temps ville on te dit morte
Mais ton Odet n’a rien d’un Styx
Et tes petits ponts ont des airs de petits bonds
Des bris, des rebonds, le temps s’y fixe
Le tendre est une tempête pacifique
En nous la nuit fond, s’intensifie
A l’océan demain, empêtrés dans des vagues
A l’os un néant d’étoiles, nous pétrit les yeux
Etoiles et océan, rivalité pas triste
Alors un saut déjà, dans la nuit matrice
Ville tu n’as pas de parallèles, de jour de nuit
Nous jouons à l’allure des lueurs, à te traverser
Sous ces lampadaires jaunes comme du beurre
Place à celle dont l’élégance ce soir intimide
Elle n’est pas la lune bien que nos nuits en aient fragrance
A ses talons, à sa robe de pâleurs, bus en avance
Car c’est à l’ombre que je les ai vus, extravagances
Et sa jupe enrobe les accolades que se font se jambes
Ses jambes qui fondent en pas et collants
Bassement ou pas, le genre qui vous fait décoller
Ses talons battent les pavés, sa prestance intimiderait
Si ma lave et sa peau n’avaient pas déjà filé, défait
Si mal ou si lentement, d’un timide rai d’abord
Puis dans d’humides rayons droits, ensuite
De ces instants rois où nous frayons, enduits
En du noir et du pâle, ville nous foulons tes rues
A mon aile ou à la sienne, il y a l’ombre anarchique :
Parallèle de nos désirs qui soutiennent, cycliques
Une langue ancienne et instinctive, dans l’air humide
Nos mains se tiennent, dans tes rues vides
Et nos pas sont invectives, une musique sans écho
Sous les couleurs nocturnes, anarchiques de désir
Sous l’à-coup des rayons, d’une pluie famélique
Sous la coupe dont la nuit nous crayonne, femme et homme
Tout à coup sans bruit nous fuyons, comme des formes
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle