Omnia vincit amor
Ce que me réserve la nuit
Je persévère à ne pas savoir
Ma lave, ma sève est au noir dans des entrailles
Au noir encore, le corps en crépuscule
Mon allégresse est une bande, un groupuscule
Je la déroule, y digresse, m’articule
Je déboule ici dans Brest, et ma vie culmine
A la foulée je véhicule mes souffles sous côtes
A en essouffler le sentier, qu’il balbutie la nuit
A un bal de si loin en moi, je danse sur la côte
Au balbutiement de la nuit, un mouvement de providence
Mon pouls s’emballe et cimente un immatériel
Je dissimule sous le réel, je dis cime et la lave monte
Je m’y assimile et mets le doigt
Sur ces mille parallèles qui s’amoncellent
Je dissimule sous le réel, mais j’écume en semonces
En ce monstre d’allégresse, au crépuscule
J’y véhicule ma réalité et m’y empresse
Je ne veux plus m’aliter, d’ici la mort
Je suis ici pour me dissoudre, en allégresse
Et d’ici la Grande et sûre, je veux mordre
Me répandre en des milliers de morsures
M’éparpiller et prendre, pour donner
A la vie, à l’amour, à la mort, pardonner
Je pars dans des méandres de mots…
Mais je m’enduis à part du temps, de flots de lave
J’ai la virulence de la volonté
J’ai la vacuité de celui qui veut se lancer
Dans le vide je suis une montée
Dans l’abondance, une lame qui veut s’enfoncer
Je fais un bond dans ce passage risqué :
A cette crête à l’air frisquet, je dis :
C’est peut-être vain mais
Que l’amour vient toujours, s’étendre
De janvier à mai, de juin à septembre
Dans tout mois et même novembre : s’étendre
Au vent il embrigade : ebriedad
Nos vents bruissent à condition que l’esprit, puisse
A l’air frisquet je risque un :
D’abord l’amour de soi
Crépusculaire, l’amour vient toujours
C’est presque l’air : l’amour vainc toujours
C’est presque là : l’amour de soi
La fresque en lave ou en magma
Fresque à l’éruption, d’un magot de joies
Folle irruption, amas de scories
L’amour déçoit ? L’amour déçut ?
Carambolage et fusion, des scories d’autrefois
Des tréfonds le rire, une éruption
Au fond, l’amour de soi vient toujours
Parfois l’amour déçoit, diffuse
Sans effort et sans ruse, l’amour revient toujours
L’amour déçu est un amas au futur
Un magma de confettis et turbulences
De laves et futures brillances
A la faille évanescente on culmine
L’amour accule en soi
L’amour de soi n’est pas vain
Combien de cycles et bascules ?
En soi longtemps l’on n’entend rien
De soi l’on tend une main, maculée de lave
Et de là vient vers soi, celui ou celle
Du crépuscule à la nuit, ce ciel nouveau
Sous la voix du vent qui se répète, qui se rappelle
Qui dessous en appelle, à cette turbulence de tempête
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle