Opulence et fureur - Crépuscule d'un cycle - Jean-Marie Loison-Mochon

Opulence et fureur

Dans un hôtel aux salles immenses

Il s’y dansa sûrement, des soirs des nuits

Dans un flot tel, de champagne sorti d’un puits

Mais l’incidence ici, se romance d’un matin

Une fureur telle, qui vous empoigne un monde

Ainsi : il n’est plus l’heure des lustres mais d’une lutte

Pincée ici de vain, mais bataille quand même

Pagaille insensée, à certains futile et vaine

A moi intense et rutilante et… belle

Immense hôtel dont la salle s’éveille et grouille

Dans la panse ici, on ne met pas de ratatouilles

Saragosse, à déjeuner mais pas petit

A gozar, de grossiers appétits

Une table étatsunienne, d’affaires et dossiers

A négocier du vent, à l’état de hyènes

Une table aux éclats d’une bouche, une seule

A broyer des aliments sans l’éclat des lustres

Un gros rabbin qui alimente en bruits, esseulé

Un babouin même élémentaire eut mangé mieux

Et humant l’air de pression, du personnel s’affaire

L’oppression fumante et fumeuse : opulence

Et puis l’on se laisse aller à exiger ou se plaindre

L’opulence fomente et paie tous les droits de geindre

On a le droit de jouir, à ces tables sans loi

Avec foi ou non, à déblatérer du paraître

Jusqu’à se servir de mille mets sans se dire : vraiment ?

Et puis s’attabler sans sévir, et disparaître

Et laisser la table écrasée d’assiettes pleines

C’est alors qu’entre une femme dans mes yeux

Dans les allées de tables, elle a cette…

Elle a cet élan brutal et obscène

Celui de se lever sous le cristal et prendre toute la scène

Elle prend au cou, l’assistance grouillante

A cette heure est-ce le verre ? Bouillante de haine

Et moi j’assiste en silence au tourbillon

Je lui vois ces veines à la main

Je la vois sévir pour les grouillots et hobos en haillons

Je la bois des yeux, je la sais vaine

Je le regarde abhorrer, dans une fureur élaborée

Tous, elle les laboure de sa colère

Elle est là, bout, puis rayonne argent

Elle est à tout retourner, dans sa fureur de cheveux noirs

Sa voix s’éraille on ne s’en étonne pas

Je la vis hier, elle avait de la pudeur

Je la vois ici, elle a de la ferveur

L’opulence oscille et la regarde faire du vent

Eux postillonnent ; elle ? Leur crache du sang

L’opulence la révulse, elle ne s’en cache plus

Moi je veux le revoir, ce feu qui pleut

Car il me plut, de la voir en fusion

Avant qu’il fût mis fin à son intrusion, de manière vive

Elle qui l’instant d’avant était convive

 

 

Jean-Marie Loison-Mochon

Crépuscule d’un cycle

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