Mille nuances de pâleur - Crépuscule d'un cycle - Jean-Marie Loison-Mochon

Mille nuances de pâleur

Un soir à l’Ouest, avant toute histoire ou tout geste

Cap où ça nous chante, car on nage en nuit

D’anciens chantiers pour des courts

Danse un chant typique entre nous

Et moi qui ne suis pas danseur, mais cours

Et toi qui ne sais pas, dans ces moments

Si l’on se court après, si l’on séquence un plan

Je ne fais pas semblant

Si l’on sait quand, ce jeu perd de son goût

Mais je sais que, nous ne pouvons perdre à ce jeu

Je ne suis pas inconséquence, mais flou ?

Je nous sens du souffle et cent poumons

Alors inconsciemment sûrement : ce jeu flou

Mon sang soulève mes pensées

Je les dépense sciemment en regards, sur toi

Je te dépasse et tu me poursuis

Je te pare de ces regards, te suis à mon tour

Nous ne sommes plus passants mais à l’entrée d’un passage

Le vide appelle et la Penfeld darde

En violet rose ou vert, par cent lueurs artificielles

Telle est la ville n’ayant rien de féérique

Telle est la vie, là entre nous :

Avides en immatériel

Je ne te la vends pas, elle se brade

Elle ne vente pas trop ce soir, la rade

Alors on peut surseoir dehors encore

Avant d’éventer plus tard, le feu qui rode

Ou l’inventer plutôt, à rebourre des heures

Du vin, tes mains, ta peau : tôt ou tard n’est qu’une époque

Demain n’a rien de vain, mais le sable écope les heures

Car nous coulons en étreintes, vers le fond de la nuit

Nous découpons ces teintes, découvrons ces corps s’effleurant

Ces fleurons d’instants ne sont pas du genre à s’éteindre

Seulement à se teindre, en mille nuances de pâleur

Sans plus rien feindre sauf là, leurrant le temps

Par la pâleur caressante éparpillant la lune

A l’appel de la nuit qui brille en nous

Dans nos caresses éparses, pillant ces lacunes

Celles-là paraît-il, de la résistance déroutante

Et dans nos mains, l’écart se fait toujours plus mince

Se perd la notion des distances

A mesure que les lueurs distendent l’Ouest

Comme un vin ou une potion, un désir d’ivresse

Comme un soir à l’Ouest, où l’histoire est tout en gestes

 

Jean-Marie Loison-Mochon

Crépuscule d’un cycle

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