La fin d’une île
Survol africain et survient… la fin
Pas elle-même encore, mais son venin
Peu sûre valeur : l’amour en morale
Mort à l’amour alors, qui s’envenime
On sent venir la fin quand l’heure dit : je pars
« Elle m’a dit : si tu me quittes je pars avec toi »
Le sang sait quand la fin s’en vient
Des mots scellent un pic de semaines
Je maudis ces lieux communs, qui serinent
De ressentiment je n’ai plus rien
Le mauve a dilué depuis longtemps, le jour
Et je m’ouvris à la nuit, sans ourdir rien
En fauve englué tout près de son puits
Elle m’a dit « Si… »
La marge ici pour la Fin : magicienne des lendemains
Marge infime, aérienne et floue d’un :
« Si tu ne pars pas… » qu’en l’air elle sème
Phrase présage qui brime
Dans la brise agitée « …je pars quand même »
Puis dans les brisures la brume s’insère
En des fissures, que la Lune en vol enserre
En ces restes de mots vers un Nord-Ouest
En des zestes de venin, s’en vient la fin
Le mauve erre alors en moi : moverse
Mais les mots versés, dans le sang doivent encore infuser
La mort est ce chemin quand on s’oublie
En partance on se sent blêmir, tacheté de rage
La lâcheté n’est jamais qu’un émissaire du courage
A ma sœur de cœur d’alors, je ne dis rien
Puis en sueur et sang, les rouages ouvrirent l’ère
Je ne dis rien alors, sans ressentir le venin
Dans les veines un mot peut agir
La mort est un mot, avant d’être fin
Et dans la veine de mêmes jours agités
D’une pleine ombre enfin, tout a gité
Je l’ai étreinte, la fin, en filant vers une nouvelle ère
Comme une étoile crépusculaire
Empruntant un « je pars » : le jeu prend fin
La fin prit feu, quand enfin prête
La mort n’est pas coquette, mais véritable
Le libre est une conquête, inégalable vérité
En partance et en quête de quoi ?
D’un entêtement vulnérable
« Et pourtant, et pourtant… » ce refrain s’y prête
Je pars en sauvant mon feu
Je me sauve en rendant le suave à nos éphémères
La vie est ainsi, un fauve étincelant
Et j’éteins ce lancinant refrain
En assénant fin à ce long voyage
Mot insinuant de nouveaux convoyages
A chacun de sinuer, de nuevo
Dans les nervures libérées, d’autres îles et d’autres pages
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle