La fin d'une île - Crépuscule d'un cycle - Jean-Marie Loison-Mochon

La fin d’une île

Survol africain et survient… la fin

Pas elle-même encore, mais son venin

Peu sûre valeur : l’amour en morale

Mort à l’amour alors, qui s’envenime

On sent venir la fin quand l’heure dit : je pars

« Elle m’a dit : si tu me quittes je pars avec toi »

Le sang sait quand la fin s’en vient

Des mots scellent un pic de semaines

Je maudis ces lieux communs, qui serinent

De ressentiment je n’ai plus rien

Le mauve a dilué depuis longtemps, le jour

Et je m’ouvris à la nuit, sans ourdir rien

En fauve englué tout près de son puits

Elle m’a dit « Si… »

La marge ici pour la Fin : magicienne des lendemains

Marge infime, aérienne et floue d’un :

« Si tu ne pars pas… » qu’en l’air elle sème

Phrase présage qui brime

Dans la brise agitée « …je pars quand même »

Puis dans les brisures la brume s’insère

En des fissures, que la Lune en vol enserre

En ces restes de mots vers un Nord-Ouest

En des zestes de venin, s’en vient la fin

Le mauve erre alors en moi : moverse

Mais les mots versés, dans le sang doivent encore infuser

La mort est ce chemin quand on s’oublie

En partance on se sent blêmir, tacheté de rage

La lâcheté n’est jamais qu’un émissaire du courage

A ma sœur de cœur d’alors, je ne dis rien

Puis en sueur et sang, les rouages ouvrirent l’ère

Je ne dis rien alors, sans ressentir le venin

Dans les veines un mot peut agir

La mort est un mot, avant d’être fin

Et dans la veine de mêmes jours agités

D’une pleine ombre enfin, tout a gité

Je l’ai étreinte, la fin, en filant vers une nouvelle ère

Comme une étoile crépusculaire

Empruntant un « je pars » : le jeu prend fin

La fin prit feu, quand enfin prête

La mort n’est pas coquette, mais véritable

Le libre est une conquête, inégalable vérité

En partance et en quête de quoi ?

D’un entêtement vulnérable

« Et pourtant, et pourtant… » ce refrain s’y prête

Je pars en sauvant mon feu

Je me sauve en rendant le suave à nos éphémères

La vie est ainsi, un fauve étincelant

Et j’éteins ce lancinant refrain

En assénant fin à ce long voyage

Mot insinuant de nouveaux convoyages

A chacun de sinuer, de nuevo

Dans les nervures libérées, d’autres îles et d’autres pages

 

Jean-Marie Loison-Mochon

Crépuscule d’un cycle

La fin d'une île
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