A l'anarchie du désir

Fragment 97 – Le porté

Digne d’une flamme, elle danse seule

Réunion de ses désir et intention

A la vigne de ses joues, las palmas de su cabellera[1]

Pré-union des irrépressibles heurts

En signe de nous elle amasse du son, amadoue la musique

A l’union des hirondelles nous devons fleurir

Unir quitte à herir[2], on dirait d’elle qu’elle m’oublie

 

Non je n’arrondirai pas les frêles oscillations de mon feu

Oublie ça ! Je glisse un bras léger sous toi

Il se sous-tend en moi, soudain, le souvenir tenace

Un autre temps roi, une brèche d’égérie sans menace

 

Un certain soir je t’ai portée, apportée par les paliers du chaos. Pallier le trou noir ou trou noir nous palliant : trou noir nous parlant de l’immensité du désir. Un certain soir je t’ai portée, escaladant l’intensité du rêve, comme un palmier frétillant, se courbant, se relevant. Sous le vent de nous, ce soir je te sous-pèse d’un bras léger et te soulève. J’ai soudain les vertiges d’un ailleurs, j’en fustige les grandeurs pour rester auprès de toi. Je te porte comme le vent une voile, à l’endorphine de l’oxygène dans mon bras. Et je revois cette fois d’alors, à l’orée d’un autre temps, d’un autre monde, quand du simple désir de sentir ma force s’appliquer à toi, t’exprimer ma loi noire, je t’ai saisie comme la mer un navire. Homme ou ogre, ogre ou enfant, sin herir[3]. La palme noire de tes cheveux vacille d’un reflet sous la lune, une seconde qui te surprend, te séduis. Toi ma grande heure, tu t’es sentie tout à coup comme une plume, envolée malgré elle, malgré toi, par le jet de mon encre. Non ! Garde ce masque de tes longs cheveux noirs. L’éclat du crépuscule te rapetisse, comme l’horizon du passé qui réduit. Reste, je te dis. Maquille ma vision, mes sens. Ton masque fissure de châtains, de boucles assassines. Ma quille heurte le fond du souvenir, vais-je échouer à te ramener ? L’ambre de toi me réchauffe en fondant, au fond de l’heure tendre. L’ombre de toi me fait chiffonner des perceptions. Le trouble est un allié du désir. Sale au premier abord, salaud de prime abord. Tant pis je reste embarqué. Je puise en toi ces paquets de puissance. Ce porté se rappelle à sa consistance. Il s’enroule en moi comme mon bras à l’orée de tes hanches. A se loger dans le noir, cet instant fait en nous une foire d’évanescences.

 

Digne d’une flamme, elle danse seule

Réunion de ses désir et intention

A la vigne de ses joues, las palmas de su cabellera[4]

Pré-union des irrépressibles heurts

En signe de nous elle amasse du son, amadoue la musique

A l’union des hirondelles nous devons fleurir

Unir quitte à herir[5], on dirait d’elle qu’elle m’oublie

 

Non je n’arrondirai pas les frêles oscillations de mon feu

Oublie ça ! Je glisse un bras léger sous toi

Il se sous-tend en moi, soudain, le souvenir tenace

Un autre temps roi, une brèche d’égérie sans menace

 

 

 

 

[1] Les palmiers de sa chevelure

[2] Blesser.

[3] Sans blesser.

[4] Les palmiers de sa chevelure

[5] Blesser.

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