Fragment 95 – Chasseurs
Dos à moi, amour, je cueille tes pores feints d’innocence
Récoltant ton corps lourd et aux abois
Au buvard du désir ton cri d’or ancre mon essence
Pour un feu d’infini, je cours des doigts sur ce jour
En rien prémédité, ce parfum croît en mes sens
Au creux de cet après-midi d’été où tout m’est toi
Un août débordant d’effets, scellant souvenir et puissance
Nous balançons vers la fin sans doute
Où Tours commençait, nous nous achevions
Instant au chevet de ton corps lourd, août dans nos forêts
Retour commencé vers les sourdes armes d’Orion
A la chasse un cri est indice. Mon désir est en proie à ton plaisir. Tu ploies sous moi, de toute ta raideur. Tu chasses le plaisir, à son chant talentueux. Le talent tueur n’est pas requis, il faut à peine se faire marquis, sans même mener la vie de château. Ça danse ici, d’une union de présents qui se densifient. A la chasse un cri est indice, les appeaux les chantent à la gorge d’août. Ta gorge est rouge car l’air y est volatile. A l’étage nos chaleurs s’étagent, comme une redondance utile. Un don de sons dans ce dense instant. A plat ventre je vais, à ta suite presqu’avachie. On aboie au loin mais notre proie est bien ici. Tu mènes la chasse et j’arme mes doigts ; tu plies sous moi, je plie en toi : soupirs, sans loi. Sens l’humeur de l’instant ! Moi je sens tes pores, il ne peut y avoir de peur ensemble. Tu te relèves et je m’élève d’autant. Nous faisons des tresses aux lèvres du désir, tension et torsions, distorsion de nos peu de souplesse. Sous les soupirs je te sens redescendre, et de sang, te raidir. Tes fesses se font rigides, tu t’affaires encore. Au corps à corps cette chasse est un défi. Tes fesses me défient, brandissant trois points de noir. Suspension de l’instant. A désir tu nous tends comme un arc. A ta ceinture je m’agrippe et souris de ces trois points qui me narguent. Ils disent après, mais nous ne sommes qu’un maintenant. Je suis un manant à ton corps, un errant : de la main, du bassin, de l’inclinaison, j’erre sans erreur. A court de flèches tu chasses la crue, celle d’une marée de sang, qui t’irrigue et t’irise de sueur. De sens, ces choses-là n’ont jamais, seul l’abandon les amène. Ne jamais dire jamais, ne jamais dire j’aimais. Sens dessus dessous : du son qu’est ton cri, mon désir apprend son futur. Futile peut-être mais ce cri lui sera itinéraire. Dans le secret de trois points, on suspendrait le monde, comme d’une onde qui au loin peut surprendre.
Dos à moi, amour, je cueille tes pores feints d’innocence
Récoltant ton corps lourd et aux abois
Au buvard du désir ton cri d’or ancre mon essence
Pour un feu d’infini, je cours des doigts sur ce jour
En rien prémédité, ce parfum croît en mes sens
Au creux de cet après-midi d’été où tout m’est toi
Un août débordant d’effets, scellant souvenir et puissance
Nous balançons vers la fin sans doute
Où Tours commençait, nous nous achevions
Instant au chevet de ton corps lourd, août dans nos forêts
Retour commencé vers les sourdes armes d’Orion