Fragment 74 – Le sang du père
Drap blanc, accueillant ton dos d’argent
Rare balade alors on se cueille au soir naissant
Attente, attente, à tant attendre de pouvoir feuillir
Parade à rebours des saisons : non pas feuillir mais faner
En ta tendre Argentine, il est l’heure des miroirs d’automne
Attentat de couleurs, venant surgir d’avril
Une étreinte à en vriller, pour des héros dont l’histoire s’étire
Nous frémissons du soir : vibrations s’embrassant
Où se lient nos peaux, git ton pantalon noir de cuir
Instant que nous espérions tout haut, à l’ombre du cœur
Rougis-tu ? Allons, demain l’Espejo, grande étape à ton sang
Ce soir de San Martin, après ce jour à cheminer. Entre les cheminées des Andes, qui se colorent d’orange. On range nos langues, distinctes, pour n’en parler qu’une seule. Je me sens comme possédé, conquis par ce dont je suis à cet instant, traversé. Cette autre fois à Buenos Aires, tu faisais des mondanités de mouvement, des démonstrations de force : inoffensive. Réduits à la plus grande simplicité d’une étreinte, tu vibres cependant comme cette autre fois. Latine jusqu’au bout des pores, aux portes des Andes nous tremblons. Tu laisses ta marque en moi, en abandonnant tes dignités de CABA. Nous forcissons ce soir et moi à l’encre, en filant ce mot : ces minutes me sont l’offrande de divinités. Les portes des Andes se referment sur la Nuit, mais avant que tout soit noir et que tu ne reviennes à ta fermeté maternelle, nous nous tenons debout face à cette marque. Ces draps ont enfanté un signe, et de cette vigne toi et moi nous espérons. Tu restes là, bouche bée, à regarder l’espace d’une seconde. Et puis tu froisses tout, les draps, ta vulnérabilité. Nous partons dîner dans la plus pure veine des moments froids. Peut-être prends-tu peur face à mon irrationnel ? Bouclier. Ton propre désir t’effraie. Demain ton sang nous mènera au père, et la femme à la fille que tu étais. A l’Espejo rien d’oublié, de tes tant d’autres reflets.
Drap blanc, accueillant ton dos d’argent
Rare balade alors on se cueille au soir naissant
Attente, attente, à tant attendre de pouvoir feuillir
Parade à rebours des saisons : non pas feuillir mais faner
En ta tendre Argentine, il est l’heure des miroirs d’automne
Attentat de couleurs, venant surgir d’avril
Une étreinte à en vriller, pour des héros dont l’histoire s’étire
Nous frémissons du soir : vibrations s’embrassant
Où se lient nos peaux, git ton pantalon noir de cuir
Instant que nous espérions tout haut, à l’ombre du cœur
Rougis-tu ? Allons, demain l’Espejo, grande étape à ton sang