Fragment 65 – Son ventre, ton désir
D’où me viens-tu ?
Retentissant dans mes lointains
Au vent comme un fétu
Pourtant la paille la plus heureuse
En somme un rébus de passés, de plaisirs bus
Aussi de futurs attendus en baillant aux corneilles
Un peu commun sourire sur l’ombre nue
Nue, noire, emballante merveille
Où m’emmèneras-tu, sur quelles pentes ?
Île aux mille soirs, vibrantes lèvres vermeilles
« Rêves-tu » me dis-je : désir qui m’arpente
A la main du crépuscule, je suis venu. Et toi, par où arrives-tu ? Les parois de mon esprit doivent être bien poreuses… Le vent t’amène. A ma main le crépuscule, et la sienne. Mais celle du crépuscule meurt dans la nuit, et dans la nuit la sienne dort déjà. Alors viens. La nuit est en avance sur le jour, toujours. Tu devances même mes rêves, et avant le sommeil, tu jouxtes mon souvenir. On soupire de sommeil non loin, lassitude des jours ? Lassitude de l’homme que je lui suis ? Possible. Je songe à mes soupirs alors, à cette grande soupière d’incertain. Un certain bonhomme employa le terme, il empoigna la plume. Moi je voudrais empoigner ta main, après celle du crépuscule. Tu es mon insomnie ce soir, une image minuscule un instant, majuscule le suivant. Une ligne commence ainsi. Je pèche par la pensée. Mais par les pores je ne fais rien de revêche. Je parle un peu et ton souvenir me répond. Il me pond des soupirs, des ponts de vendus vers le désir que j’éveillais. J’aimais être le désir. Je crois que j’aimais même plus t’être du désir, que d’en ressentir moi-même. Ce sont des étendues… Tes étendues. Des étangs du plus lointain souvenir, de bien lointains soupirs. Des forêts primaires à tes virages et les rouages de la primeur. Toute nuit est une première. Reste que la multitude s’endort dessus, se dorant bien trop la pilule au jour. Tes joues, à mon cœur, hululent, on dirait du loin. Tout près ton désir je le prends, et l’emmène sur ses chemins, sur son ventre. Ma main sur son ventre. Entre temps, j’ai voulu éveiller le désir. Au matin je ne serai plus rien, qu’une inertie. Mais là dans ma main, c’est ton désir que je tiens, et je cherche à le faire sien.
D’où me viens-tu ?
Retentissant dans mes lointains
Au vent comme un fétu
Pourtant la paille la plus heureuse
En somme un rébus de passés, de plaisirs bus
Aussi de futurs attendus en baillant aux corneilles
Un peu commun sourire sur l’ombre nue
Nue, noire, emballante merveille
Où m’emmèneras-tu, sur quelles pentes ?
Île aux mille soirs, vibrantes lèvres vermeilles
« Rêves-tu » me dis-je : désir qui m’arpente