A l'anarchie du désir

Fragment 3 – Vers la rive noire

Dis la nuit par tes éclats

Rayons enduits de toi

Appuie ton âme sur la Lune

Puits des marées, diluées dans les heures opportunes

Emplis de cela tu ne te lasseras de rien

Aux plis de ta peau, la joie fera du temps un lien

Un repos de pris serait injure à la vie qui t’espère

 

Nie la Nuit et les flots du jour dévaleront

Oui ils t’avaleront comme une cavalerie délétère

Il y a dans la nuit des forces sourdes, pour qui…

Règne en soi comme l’anarchie dans ces soirs éphémères

 

Tu ne peux patrouiller à tous les recoins du vide. Alors va-t’en vadrouiller à l’envie, à l’ennui. Oui, oui : à la nuit. Appuie ton âme sur la Lune, l’eau des puits fait de même : elle est une marée circoncise, mais seulement à ses bords. Où va-t-elle en descente ? Dans des phases évanescentes sûrement. Et dans l’incandescence d’un ailleurs ou de bien des ailleurs. Les flammes sont à la Lune des reflets : le feu n’est pas toujours frontal. A l’ombre du grand visage, il n’y a pas à craindre de perdre la face. Ne reste qu’à t’abandonner à être, à espérer l’Ouest chaque jour, car chaque soir décoche non pas un coucher, mais un lever. Nos sangs sont des levains, des flux dont les marées peuvent délivrer l’ivresse. Va-t’en vadrouiller à l’envie sous la Lune. On te dit de craindre le noir, bien reclus dans tes taudis de jours. L’Elysée ou t’enliser, choisis. Tu peux passer des jours à lisser le temps, à limer tes chances, à faire de ton sang des ivresses élimées. Ou dépasser tout ça, jusqu’aux mots, et tousser la nuit dans les bras de qui, de quoi, à des quais inconnus, ou à nu de solitude. Dis la nuit, dilue-toi comme la poussière que tu es. La grande soupière, c’est toi : c’est l’inouï des fers, dînant de tous les maux et désirs entremêlés. Tu peux passer des jours à montrer ton plus beau profil ou alors, quartier après quartier, dériver, dériver, vers la rive noire, vers ces joies sans nord qui ne te sont encore jamais arrivées.

 

Dis la nuit par tes éclats

Rayons enduits de toi

Appuie ton âme sur la Lune

Puits des marées, diluées dans les heures opportunes

Emplis de cela tu ne te lasseras de rien

Aux plis de ta peau, la joie fera du temps un lien

Un repos de pris serait injure à la vie qui t’espère

 

Nie la Nuit et les flots du jour dévaleront

Oui ils t’avaleront comme une cavalerie délétère

Il y a dans la nuit des forces sourdes, pour qui…

Règne en soi comme l’anarchie dans ces soirs éphémères

 

Jean-Marie Loison-Mochon

A l’anarchie du désir

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