A l'anarchie du désir

Fragment 14 – Une errance dans les rues

D’un jour à l’autre, combien d’inconnues ?

Rapide et insensée, la pensée qui se fout du bien

Au plaisir, songer, sans payer le prix du convenu

Paradis d’une démence élaborée : en dormance

En parade illimitée, pour égayer la rue

Alors, combien d’inconnues en partance ?

Un visage puis cent, puissance des formes disparues

 

Noir, quel sort m’a donc jeté le désir ?

Orbite sans Nord ni Sud dans ces rues

Imaginant après, la forme de leurs lèvres

Reliant ces images au rêve, ces visages à leurs corps nus

 

La rue s’endormirait. L’après-midi filerait, de la sieste à l’éveil agité de celui « qui a tant à faire et si peu à penser », qui soudain s’aperçoit que le jour a fui, qu’il faudra ruiner aussi son lendemain. Oui mais aujourd’hui je fais sédition de ça.

Dans la rue de janvier, j’en viens à flâner, flâner encore : et si je jouais à ne pas rentrer ? Le jeu car tout aujourd’hui est gravité. Inconséquente gravité des jours, des jours qu’on séquence à s’assommer de mots et de labeurs inutiles, à graviter dans des mondes aux heures faites futiles, et puis le fusil au soir : l’ivresse du tant attendu, en corps, l’ivresse qu’il est de plus en plus difficile d’éviter, comme celle menant au verre qui lui-même, mène au peu de sel des rêves dopés au vide. Le verre vide je vais, et pour ne plus fuir je veux marcher. Je pars.

Sur le port, deux chaises trop hautes font face à l’horizon. Vides, aussi. La marche est-elle trop haute ? Je marche et des genres d’apparitions me croisent. En inanition de libre, je retrouve bêtement l’orient du délire, l’aube sans reflet, ce que l’ombre flaire. Cette femme s’arrête, me regarde. Elle s’affaire alors à se dénuder. Le dessus de ces paupières me dit la teinte de ses ailleurs sans lumière. Sa bouche me dit aussi, mais à l’embouchure du port je passe et boude ce nu. Je marche et non, je ne saute pas le pas. Mais mon noir la déshabille. Cette peau sous le cou, ce grain, je sais déjà quel genre de blé. J’égrène aussi ma rage dans des nudités, propagées du réel à l’imaginaire. Puis je remballe ma rébellion et amour, je reviens, car ce lien m’est le lieu de tous les bras de fer.

Ce lieu je n’ai pas à le fuir car j’y suis lion, paresseux chasseur, presque docile par pesanteur. Féroce ? Parfois. Tout ogre attend son carrosse. Ces bras de fer, je les gagnerai tous.

 

D’un jour à l’autre, combien d’inconnues ?

Rapide et insensée, la pensée qui se fout du bien

Au plaisir, songer, sans payer le prix du convenu

Paradis d’une démence élaborée : en dormance

En parade illimitée, pour égayer la rue

Alors, combien d’inconnues en partance ?

Un visage puis cent, puissance des formes disparues

 

Noir, quel sort m’a donc jeté le désir ?

Orbite sans Nord ni Sud dans ces rues

Imaginant après, la forme de leurs lèvres

Reliant ces images au rêve, ces visages à leurs corps nus

 

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