Fin d’court-métrage
Un putain d’court-métrage
Au premier soir sans nuages
Comme en dernière page d’l’histoire
Début sous l’argent, lunaire en chev’lure
Dernier soir rageant, lacunaire et si pur
Damier sans cesse, c’t’histoire
Blanc noir, blanc noir, liesse
Noir blanc, noir j’encaisse
Damier sans cesse, c’t’histoire !
Donne-moi ! mais non
Donne-toi ! voyons
Détonnant damier : brouillon
Adonne-toi j’prends
Redonne-m’en, pourquoi ?
Du premier au dernier, pour toi
Pour toi sur c’putain d’damier
J’ai donné, lutté, chuté, relevé
Et sonné ! Tu t’es mutée, enlevée
A la voix du V à tes jambes
Au duvet au bout d’mes doigts
Tu boudes mais m’veux
Moi du coup j’peux
Et on couche tant
Et j’me cache tendre
Et j’me couche tant
Tâchant d’t’attendre
Et ta tendresse vient
Mais la messe s’ra dite demain
Mais c’est quoi c’paradigme, hein ?
A tes quais on s’arrime
Puis à froid tu r’d’viens énigme
Et on s’chauffe encore, cent fois
Nos corps s’échaudent le sang froid
J’échafaude cent moi pour t’plaire
En chat noir j’rode en toi c’t’hiver
C’soir est ode comme odieux
C’soir on est beaux comme des dieux
C’soir on s’ébroue touchant les cieux
A la louche on biaise une baise sous nuit
Puis c’baiser embrasera les minuits
Et ton minois n’ment pas
Et ta mine d’avant non plus
A minuit sous kétamine ?
En moi dis, qu’est-ce qui t’ranime ?
A minuit sous kétamine ?
En nous dis, qu’est-ce qui t’anime ?
Tout non-dit est crime
Et j’te l’écris même sans amertume
Tout non-dit exprime
Et tu m’inondes à tes cimes
A feu et à sang, j’décris mes sens
A feu et à sang, dans c’t’anémie
En nous dis, qu’est-ce qui t’anime ?
J’encaisse c’qu’il faut, tu prends c’qu’y t’faut
J’encaisse de trop, tu m’prends à défaut
J’me sens taureau dans l’arène, en sang
J’me sens tout roi et toi reine, en feu
A feu et à sang, de lave à cendre
A feu et à sang, de cendre à lave
Et t’avale le feu, j’dévale le sang
On cavale comme ça, imparables
Comme en cavale on s’sent, inarrêtables
Mais l’sang est étape à la fable
Comme l’feu qui nous attrape et la fabrique
J’trempe ma nuit dans nos cent rythmiques
J’trompe ta fuite dans ce sang cyclique
J’étais crépuscule et magnifique
Vers toi j’me sentais majuscule, tellurique
J’étais crépuscule, tu m’as piqué
Sur toi j’suis majuscule et appliqué
Trop appliqué car tu m’fais basculer
D’jà trop piqué car tu m’fais vaciller
A la vasque on va saigner
A ta vasque j’vais m’signer
A la hâte on va s’saigner
A ta vasque y m’reste plus qu’à prier
Qu’après hier n’vienne pas demain
J’mets ces prières au bout d’tes seins
J’me suis pris au bout d’nos sens
J’me suis fait prendre sans pouvoir donner
J’me suis adonné sans te voir rendre
Te voir enduite de lâcher-prise
Alors j’suis pas fâché mais pris
En toi ça lâche et j’connais le prix
D’jà trop piqué tu m’fais vaciller
Bientôt plus d’tropique mais en pensées
Un marteau-piqueur d’enfoncé
Tôt ou tard j’partirai
Mais d’toi j’veux pas m’retirer
Tôt ou tard tu partiras
De toi, qu’est-c’que j’peux r’tenir ?
Que tôt ou tard tu partirais
Que tout en toi, m’attirait
Que tout en moi, s’étirait
Que tôt ou tard tu t’tirerais
Et que moi j’le sentirais
Et sans tirade, c’que j’vois
C’est ton dos qu’j’irradie
Quand tes doutes nous radieront
Que tes doutes me raidirent
Et j’aim’rais dire que nous, tout d’même
Aurait mérité d’dév’lopper son théorème
Si t’as dans l’sang ces instants, citadine
C’est qu’tu sais c’qui s’abime
Et si tout cesse, c’soir ultime
J’sais qu’tu sais, c’qu’on abime
Mais j’te laisserai t’en aller
Car j’connais ces sonorités-là
Car j’ai commis les mêmes absurdités
Quand d’autres sororités, j’me séparai
En doutes et « je n’sais pas »
Je n’saurai pas parer alors doute
Je n’saurai pas parer à ton dos
Alors en avant toute, dans c’dernier flot
A feu et à sang, de toi enduit
A feu et en sang, de moi enduite
En nuit tout a changé, piqué
Et l’crépuscule tu m’l’as piqué
Tu m’l’as parfaitement répliqué
Sur toi j’suis majuscule, amant tendre
Le feu coagule, à t’entendre
Mais l’jeu culmine, pour r’descendre
Et je fulmine, de lave et d’cendres
On s’accule mine de rien
En nous coule un minuit, diluvien
L’désir s’accumule : nous tient
L’plaisir s’coue, émulsionne : on l’tient
Mais c’coup-là contusionnera
C’coup-là pourtant on en fusionna
C’coup au large et sauvage et sous vague
C’coup a l’art j’crois, d’nous faire divaguer
Dis voir alors, pourquoi s’envoie-t-on vaquer ?
Si tes bas en tombent, qu’l’on vogue ici sans voix
A feu et à sang, nos voieries
A feu et à sang, tu m’vois rire
Et tu m’sens, et j’te sens, prête à jouir
Si t’es prête à jouer, pourquoi demain ?
N’plus rien partager, à toi j’le d’mande
A feu et à sang, ne plus qu’patauger
A feu et à sang, j’cherche le pathogène
Penché là au-dessus d’tes fesses
Penchée là au-dessous d’nos liesses
Rien à d’viner on a flanché
Rien à d’viner demain fauchera
A feu et à sang y faut charger
Mais dans ton sang, j’veux diviner
Car d’mon sang tu vas t’aviner
J’veux diviner du sens dans ton sang
En chat noir j’aurai dix vies mais
Mais j’veux faire divination
J’veux voir c’feu dans la divine action
En chat noir j’aurai dix vies mais
Mais j’veux diviner du sens
J’veux dev’nir l’essence sur ton dos
Demain l’morose charg’ra
D’main la mort os’ra nous prendre
Comme un taureau j’ose encore
Rien n’est tout rose mais ton sang si
Tu m’étais touchante et si sensible
Et moi taureau, j’suis plus qu’une cible
Envoie la pique et j’m’appliquerai
A m’expliquer l’à-pic après ce soir
Oui j’m’appliquerai dans l’à-pic
A t’appliquer cette dernière lave
Avant qu’demain pique et m’délave
Car d’là viendra l’antique cadavre
D’la viande tantrique qui git sans havre
D’l’avion critique qui gite en hâte
D’là vient c’putain d’cantique qui m’navre
D’là vient l’antique nervure qui meurt
J’sens bien l’à-pic et l’vide, plein d’sang
J’me plaindrai pas, j’ai la vie dure
En toi j’dure en mâle
En moi tu r’mues la pique
J’remue l’aqueux d’ton sang
Tu r’mets la pique dans l’feu
J’ai l’remous vitreux, en grand
Tu m’démets sur grand écran
On brillait, sur toi brindille
J’plierai sous ta banderille
A feu et à sang, tu m’étais brin d’île
A feu et à sang, l’désir brandi
Orion chasseur des îles j’me croyais
Or non l’arc c’est toi qui l’bandais
J’suis la cible et j’gambadais
Toi, l’incompréhensible débandade
A feu et à sang, l’désir brandi
A feu et à sang, j’abonde ici en encre
Car ici on entre en nuit comme à l’écran
Car ici tu m’éventres un rouage
Car ici tu t’éventes et j’enrage
A feu et à sang !
Fin d’court-métrage
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle