Failles de forêt
En montant au maquis
Les prés émanent en fumées
Ils se précisent à qui prend le temps
On monte en flots de pluies, saison assumée
L’eau incise à nos visages
Et les nuages se déplient, de forêts embrumées
Des forêts on dirait que des failles s’ouvrent
Il en sortirait des spectres, por el aire
Des formes qui s’arrondiraient, s’envoleraient
On dirait qu’elles s’aiguisent en montant
Et l’on monte au maquis, dans ces eaux vagues
Ces nuages en vue, ces pluies qui embuent
Vaporeuses laves, danse sauvage
Dans les replis de ces forêts qui s’ébrouent
Qui se zèbrent où l’on n’aurait pas cru
Qu’à l’orée de ces bois, des failles dormaient
Comme il dort en nous des mois de mai
Il en sortirait des spectres, de païens autrefois
La forêt en aurait le corps comme fendu
Fentes d’où naissent les pailles et étincelles
Por el aire, d’étincelantes fumées
Douces fentes de vieilles montagnes
On les sous-estime et pourtant elles enfantent
Des trousseaux de nuages dont l’entente fait des pagnes
Sous les vieilles cimes, où tout tendait à dire fin
On monte au maquis et voit s’établir ces feux de paille
Qui a dit que d’humides cimes ne pourraient s’enflammer ?
Regardez-les qui s’habillent de fumées
Qui enfantent des brillances vaporeuses
On monte au maquis en des vrilles de fumées et virages
La vue sur ces fentes émanant de chambres enfouies
Chant broussailleux et d’inconsistance
Forêt hululant bientôt sa nuit, en bruits sauvages
Ces fumées des fentes, au crépuscule s’ensauvageront
Elles se forgeront de sombre, comme de l’ambre enfoui
Des nuages en fuites, montant du maquis
Fuligineuses ombres, contant les entrailles des forêts
Montant de ces fentes s’ennuageant
Sous nuage on monte au maquis
Ecoutant ce que ces failles ont à nous dire de pluie
Ce que ces failles écoulent en laves :
Les spectres qui s’étirent et courent dans la nuit
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle