Depuis ce jour il y a onze ans
Onze ans à verser le sang
Non sans m’évanouir parfois
Mais ce n’est qu’une once dans tout ça
Tout ça de sang versé, d’encre dont bouillir
Dans des lignes, d’horizons où s’épanouir
Le délire est nécessaire pour délier les poids
Pour s’élire une délivrance
Il faut se salir de bien des boues d’errance
Il faut s’allier aux ombres, à la nuit
Car le sombre soutient la clarté
Même que la carté nuit aux ombres, souvent
L’ajout de tout ça d’absurde, la boue des jours
Il faut ramper mais un jour, rompre
Avec tout ça d’absurdité, se relever
Debout de nouveau, s’élever encore
Se rappeler que l’on toussa, corps et âme
Ce goût des coups sans valeur
Ces mesquineries inopportunes, mal épelées
Mais sans rancune, aller
Comme sous mescaline, au travers de déserts appelant
Se rappeler, oui, que la fortune peut se trouver
Où la volonté gita, peut jaillir la découverte
Ce qui importune ou paraît forteresse
Peut-être est palais, peut-être pâlira
Il n’est pas de palissade si tu souris
Pas de maussade si tu soutires de quoi au rêve
Il n’est ni pourquoi ni mots à deviner
Il n’y a qu’à se dire allez ! Et voir
De là les veines s’irriguent et les digues cèdent
L’ivresse dicte et à soi : on accède
Jean-Marie Loison-Mochon