Avec l’esprit de naïveté nécessaire
Je cours les nuits comme en écho à ces cycles
Qu’un temps sépare sombre, aux lueurs éparses
Compte à rebours enclenché vers l’aube ?
Peut-être à y être déjà, hier se réverbérant sur mes pas
J’ai de vibrantes heures ces jours-ci
Mes vertèbres entonnent des frissons
Est-ce de percevoir les émanations de sens ?
Est-ce ce sol qui émet sous moi ?
Je suis dans ces temps où je ne soupçonne pas le monde
Qu’il puisse me décevoir, ou plutôt dans les tons de :
Qu’il me déçoive et que cela puisse m’atteindre
Je suis en ascension, et tout chute est possible
Mais dans la théâtralité présente, je me garderais de m’en plaindre
Car je n’ai pas cette triste sensation de me résigner, et de ne signer que pour être
Comprends-tu cela ?
Ce n’est ni l’action ni la passivité
C’est l’attention, l’acuité apposée sur ce qui m’entoure
Je ne peux pas tout reconnaitre, en tout savoir
Et je ne cherche pas, en soi, ne fais qu’écouter l’écho
Sa voix, dont les sons prennent ma mesure, mes formes
Je n’ai pas l’impression de me contourner : vers le chant je vais
Contemplatif et attentif, avec l’esprit de naïveté nécessaire
A l’ombre justement, je ne lui vois pas des serres mais des pattes félines
Et l’écho se dessine sur mes contours même, à mes côtes…
On court les nuits et je me fonds dans la ville ou les rues d’ici
Je n’ai pas le compte de ces heures-ci, mais à rebours d’elle je ne cherche pas
A aller, comme par exorcisme de regrets ou remords
Puisque je sens se matérialiser l’isthme, dans les circonvolutions qui me tourbillonnent
Et même encore brouillonne, ma vision attise les pénombres et clartés
Et je crois que cela est, au fond
Comme si pactisaient ou se croisaient
Ma volonté, mon mouvement et la brise qu’émet l’environ
Jean-Marie Loison-Mochon