A l’entrée
A l’entrée de la nuit, parfois
Son imminence pourrait te faire…
Plein d’allant et à la fois fébrile
Souviens-toi que le noir te fait briller
Alors fébrile ou fiévreux de l’après
A l’heure de brûler ne recule pas : approche
En vulnérable éberlué
En vulnérable évertue-toi
Quand le crépuscule a passé : à rester
Car la bascule est ici
Instant que tu as tissé, à volonté
Que ta volonté aura su attiser
Insiste un peu alors, à contre de la fébrilité
Incise d’un rien ce feu que tu as fait germer
Je sais, que ça te fait l’effet d’un manque
Effrayant, saisissant, vertigineux
D’une harangue étourdissante en toi
Autour du centre alors, te voilà
Satellite alpagué par une obscure gravité
Mais qui n’a pas les contours encore
Te voilà pris dans les turbulences de ta légèreté
Car l’insouciance a ce prix, des longues traversées
Ce prisme est atteignable en des brouillards
L’énergie bouillonne au centre et t’accable
Lui seras-tu implacable et débrouillard
La ferrugineuse entrée en des montagnes
Ou l’horizon brouillé en traits violets
En toi tu sens comme une rouille, t’égratigner
C’est qu’à l’entrée, tu y es
A l’entrée de la nuit, le ventre étreint par ce manque
Le vent a éteint le crépuscule et ce manque survient
Le vent te tient, te voilà en quête d’un chemin
Comme si le voile haletant de noir te susurrait
Que tu n’as plus le temps, de regarder l’horizon
Que l’attente est un mouvement, mais pas l’abstention
Alors à la tension de la nuit livre-toi
Alors à l’affection de l’aura noire, délivre ton feu
Car il est l’heure de te fondre en lui, et de fendre le futur
Il y a l’effet que l’on se fait et celui que l’on produit
Es-tu fécond de l’après ?
Ce manque te le dit
Comme un manteau de flocons noirs, la nuit
Comme un fauve qui soudain s’enduit de sauvage
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle