Vos y yo – X
Ce matin j’ai repensé à ton fantasme oui, que tu m’avais dit. Tu aurais voulu qu’un jour, quelque part dans un chez toi, chez moi, chez nous, je t’attends. Nue. Que tu ouvres et pousses la porte, et que je sois là, nue. Devant toi debout ou alors allongée sur un canapé, un lit, pas loin. Mais que moi nue, ce soit la première image que tu as en entrant.
Et que tu aurais voulu m’enlacer alors, un abrazo mais vers nos corps. Me serrer contre toi, besarme. Moi nue, désarmée ? Ou plutôt prête à chahuter du bout des lèvres au bout des seins. Tu voulais… Je confonds avec mon désir qui parle peut-être, mais tu avais dit aussi que me serrer comme ça, tu m’aurais soulevée, et posée sur une table. Et du bout des lèvres jusqu’au bout de mes seins, tu m’aurais goûtée. Fantasma…
J’aurais basculé assise, contre la pared, et tu m’aurais relevée une jambe, otra. Du bout des seins au bout des lèvres, besarme. Je me souviens maintenant oui, de ce fantasme que tu m’avais dit. Et puis tu serais venu, debout face à moi. Au bout de mes lèvres, au bout de toi. Vos y yo. La voix si chaude, en nos désirs. Que j’aurais passé mes bras autour de ta nuque, et qu’on se serait embrassé encore con ese gusto de moi à tes lèvres. Ce goût de nous, efímero como dos cuerpos qui s’enlacent, se donnent. Fantasma…
Tu n’aurais pas été transparent cette fois-là. Fantasma. Tu aurais voulu le transposer dans la réalité, ce temps-là, je sais. Et moi toujours assise sur cette table, nue, t’attendant. Que ironía… moi assise à cette table ce matin d’aujourd’hui, ne t’attendant plus. Mais dans ton fantasme, moi assise encore, nue, et je veux bien y replonger un instant, les jambes relevées, les genoux pliés, les pieds sur la mesa ou à tes hanches et voir… voir ton abdomen et le mien, acercarse, s’approcher, s’approcher. Et tu me retiendrais, dans le dos, disais-tu, et moi les mains à ta nuque pour pas que je bascule. Et voir nos abdomens, nos sexes dévoilés. Te voir aller en moi une première fois, sentir cette densité, la pression de mon corps sur la pulsion de ton sang. Mon sang, ton sang, notre feu. Vos y yo, fantasma…
Et te voir lentamente, despacio… repartir de moi. Et voir ensemble, mes lèvres qui ne te laissent pas partir. Mes lèvres qui te sentiraient, glisseraient. On se verrait glisser, vos y yo. Je te verrais revenir, on se verrait. Je te verrais repartir, mes lèvres s’arrochant. Comme des vagues sur le sable, aller et revenir, se caresser. Je me souviens bien maintenant, de ce fantasme que tu m’avais dit. Simple pero sincère et profond.
Aunque… il y a un défaut, dans le début. Maintenant que j’ai parti, fantasma, je le vois un peu. Que je t’attende nue ? Tu diras que je ne l’ai jamais fait et c’est vrai, que ça aurait été beaucoup, de me mettre à nu comme ça. Oh je sais que vos, tu l’aurais fait. Mais moi que je me mets nue ou à nue comme ça, esperandote… c’est juste un fantasme tu diras, un truc pas réalisé. Oui.
Et puis que je te attends dans un chez moi, chez toi, chez nous… ? C’est vrai que chez toi à Brest, on aurait presque pu. Mais tu sais que un chez moi, j’aurais pas eu. Et un chez nous non plus. Car toi et moi, ce n’était pas nous. C’était vos y yo. Je sais, que c’était… que c’est comme mes conditions, et que j’ai pas laissé otras posibilidades. Mais c’est ainsi, hein ? Alors fantasma, je te laisse là-bas à l’Ouest pendant que moi dans les montagnes… je suis à cette table et j’essaie de finir cette putain de lettre.
Mais finir c’est partir, de vos y yo. Et partir c’est recommencer. Il faut ? Il faut. Tu ne dois plus espérer Jules.
Je ne sais pas si ton corps le permet, si ta blessure a fini, mais si c’est le cas, va ! Va sur la côte, al crepúsculo, en el alba. Va à ce phare où tu voulais m’emmener, et qu’on a jamais pris le temps… trop pris dans les draps, souvent, et trop pris par mon temps, que je sais que je pressais. Va a ese faro, le voir. Le phare de la pequeña embocadura, c’est ça ? Je me rappelle plus le nom de chez vous. Va courir là-bas, dépenser la tristesse ou la energía que tu voulais me donner. Je me souviens, de quand tu disais que le faro, il faisait comme des clins d’œil.
Quand tu m’apparais dans les rêves, c’est un peu ça que tu fais. Tu fais le phare, tu me fais des clins d’œil. Mais tu ne dois pas espérer pouvoir faire plus. Tu ne dois plus espérer, Jules. Je sais que c’est bizarre que c’est moi qui dis ça alors que je suis déjà si loin, et que cette lettre est déjà si longue…
Peut-être aussi que pour une 1000ème fois, je me dis esas cosas, ces choses, à moi-même. Car l’espoir, même passager, c’est algo, quelque chose, que vos y yo on aura partagé. Tu ne dois plus espérer, Jules. Tu ne dois plus espérer, … Dans cette fin de rêve, te veo, avec ce regard de glace vers le plafond. Tu ne me l’as jamais fait, ce regard, c’était troublant de le recevoir. Ou que mon inconscient il peut le imaginer de vos.
Quand on s’est rencontré dans la nuit, à Brest, je me souviens que tu racontais des choses… cosas poeticas, extrañas. Tu disais que tu vida était comme à un crépuscule. Al crepúsculo, d’un cycle ? Et me acuerdo aussi, que quelque temps plus tard, tu m’avais dit que de alguna manera, je marquais un tournant, que j’étais un virage, dans ta vie. Et que j’étais l’entrée dans la nuit. Est-ce que c’est vrai, ça ? Est-ce que aún… tu le penses gato negro ? Un chat noir dans la nuit, eh… c’est pas si différent d’un fantôme dans la nieve, tu trouves pas ? Je sais que pour toi, la nuit elle a pas la signification de la peur, del temor de la obscurité. Maintenant que j’ai parti, peut-être qu’elle te mord un peu quand même. Mais gato negro, je sais que dans la nuit tes yeux d’homme, ils s’habitueront. Ils s’habitueront à mieux, et moins me voir moi. Ainsi est le sens de la nuit. Goûter à la penumbra, acostumbrarse, a una luz différente. Con tus ojos, gato negro, j’ai pas de doute que tu vas voir mieux, clair, beau. Je ne cherche pas à te réconforter, car je sais que tu grifferais. Je te dis juste le fond de ce que j’ai dans les pensées, pour toi.
Et si quand on s’a rencontré, tu étais au crepúsculo… me gustaría que tu retiens ça de vos y yo. Que le crépuscule, c’est un peu como… des feux d’artifice. C’est la fin du ciel, la fin d’un ciel. Pour un nouveau. Le ciel se met en feu, on dirait même que sangra. A sangre y fuego, hein mon Jules ? Un cielo, à feu et à sang, c’est là que je nous vois, vos y yo. Et que si je te suis la nuit après aussi, le début de la nuit, c’est bien. Mais ne m’espère pas. Solo… oui tu ne dois plus m’espérer. N’espère que la nuit, quoiqu’il y a dedans. La nuit, juste la nuit. C’est beau aussi, non ?
Comme la luna dans una noche de Brest, llena, et tout l’argent de sa lumière qui nous caressait, pendant l’amour. Vos y yo, caressés par la lune, par la nuit. Otros fuegos de artifice. Mais pas artificiales, ça non.
Me duele, finir cette lettre… ahora… je relis ton dernier message, que j’a pas répondu c’est vrai, perdon. Ces jours-ci dans la montagne, et pour le futuro… oui peut-être que… no sos mi entorno porque no estás aquí, dans ma vie de tous les jours. Mais j’ai des souvenirs si beaux de nuestro tiempo juntos, que fue court mais intense. Je crois que je ne pourrai jamais te le dire, mais je sais que je le verrai plus beau encore, con el correr del tiempo. Ton regard suave, como acariciandome, comme me caressant, oui… tus manos. Ton visage des fois de petit garçon, des fois d’homme. C’est étrange tout ça, hein ? Comme sorti de nulle part. La fin. Ça sort d’où, une fin ? Des fois, no sabemos. No sé… ça te rendrait fou, je sais, que je le dis mais… oui, de tout ça, no sé. Je ne sais pas.
Je crois qu’il y avait des questions dans la communication que no supe resolver de forma amorosa. Dans ces moments-là, j’ai pas eu la patience nécessaire, mais aussi la capacité de… abrirme ? Cela demandait du courage. Que peut-être je n’avais pas, pour t’expliquer certaines choses. Al menos… je te les ai dit, ces choses, mais peut-être sans l’intention profonde et sincère de les surpasser, de me surpasser, et d’aller vers toi. Pero ojalá qu’il est bon que sepas, que j’ai passé beaucoup de temps sans me permettre de me… de entregarme a otra persona, et que fuiste el primero con quien lo intente.
Je sais, je sais, gato negro… no fui perfecta, et pas non plus la meilleure version de moi. Et toi non plus, je le sais. Mais je t’ai voulu comme j’ai pu même si no pude… autant que j’aurais voulu, en ese momento. Tus besos, tus palabras. Tes baisers, tes mots, y tu forma de hacer el amor. Ce sont des choses précieuses que j’ai en moi. Oui, même ta manière de faire l’amour, même avec ce que je t’ai écrit dans cette putain de carta trop trop longue… je sais que c’est contradictoire mais es así, no ? Tout ne va pas toujours dans un sens. Les nôtres maintenant par exemple, parce que le mien il part ailleurs, oui. Todo esto, c’est difficile. Je ne sais pas… no sé comment finir, cette lettre.
Avec ces rêves, c’est étrange mais j’ai l’impression d’une autre réalité, que ma distance et nos silences ont… installé. Ce rêve, te voir allongé sur ton lit dans la nuit avec une femme qui est moi mais qui est pas moi. C’est comme si je me souviens alors aussi, de tes silences et ton regard de glace, comme si on ne s’entendait plus. Alors que si, non ? No creo que seas… je crois pas que tu es en colère de moi. Triste, peut-être.
Si aujourd’hui tu étais là… tu pourrais m’aider à la finir, cette lettre. Moi, je ne sais pas. Si hoy estuvieras aquí o si volveria el tiempo atras… Si tu étais là dans les montagnes avec moi, ou que on pouvait remonter le temps, je te… abrazaría ? je te étreindrais ? No sé como se dice ! Je te prendrais dans mes bras, y besaría suave también. Je t’embrasserais oui. Je ne sais pas si cela résoudrait quelque chose, comme le jour del abrazo. Pero nos entenderíamos une fois de plus encore. Car je sais que nous pouvions, même si j’ai parti avant que nous pouvions más, plus.
Je ne sais pas comment finir cette lettre, vraiment. Aide-moi, fantasma, … je ne sais pas le faire ! Je ne sais pas. C’est tout ce que j’aurais pu te dire en partant. Je ne sais pas ! ça te rendrait fou, je sais. Mais je ne sais pas. Comment on finit quelque chose que on ne veut pas que ça finit, vraiment ? En face de toi, creo que je n’aurais pas pu. Ça aurait été trop difficile. Je n’aurais pas su et maintenant je me piège toute seule, avec cette lettre inmensa. No sé ! Comment ? Aide-moi… à finir ces mots. Moi je ne sais pas. Non… je ne sais pas.
Agu.
Si… peut-être je sais.
« J’aimerais t’écrire de la poésie »
Tu te souviens ?
De la poésie
Et du désir
Nous, des îles
Nous, deux îles
Vos y yo, una sola
Insula
De poésie, una isla
Une seule poésie
Quand au seuil de mi castillo
Quand toi seul, à mon château
Qu’en moi je te voulais
Qu’en moi je voulais, vos y yo
Comme un château de poésie
Vos y yo, je m’y sentais comme un château
Un castillo, ouvert à toi seul
Ouverte à toi, dans mes sommeils de désir
Où tu trouvais ma voix, en poésie
Où tu trouvais ma foi, en vos y yo
Ouverte à toi, en des châteaux de poésie