Vendée Globe 2024 | Mardi 10 décembre 2024
Ni paumés ni enchaînés, mais dans ce bruit incessant à bord
L’incendie se fait sans feu, mais sous l’ordalie des mers
L’Indien cherche à démettre, peut-être
Promettez-leur de la tension « dans le rouge c’est la zone à 35, 40 »
De quoi déchaîner des passions, à venter hors catégorie
« ça va planter fort » les lames ne chercheront pas l’allégorie
De le voir s’échiner à envoyer, renvoyer pour coller au rythme
Non tant des concurrents que celui de sa carrure
Car une architecture se doit d’être exploitée, le char bombant
« je mets un peu de charbon en ce moment »
Car son bateau est fait pour l’ombre et la plongée
« Il y a un beau trou devant » et le voilà qui sombre un instant
Puis a tôt fait de remonter « 34 nœuds dans le bas de la vague »
Ce qui est béant n’est pas vide et les folies de la sorte n’en sont pas
« Les foils nous ressortent le nez de l’eau » à gué dans une période
Ce qui est prenant, c’est qu’« il faut en profiter » dans ces au-delà du monde
L’effort pour emprunter les plus belles portes, l’acclimatation trouvée
« ce sont quand même les conditions du bateau », ces ondulations démesurées
La forge des distances et le marteau du présent
La foire jaillissante des volées est un atout pour ce voleur de temps
« Ça me rapproche un peu de devant » d’une présence comme horizon
A voir la toute puissance qu’il emprunte, les valeurs de vent
« le bateau, il ressort à chaque fois » alors on tente une fois de plus
Sur d’autres, la mer attente à l’intégrité : est-ce la candeur du marin ?
Pour lui « c’est pas si pire » et lui inspire d’aller gratter davantage
De fatigue il soupire un peu, abrité de ces claques sans chaleur
« dans une douzaine d’heures ça devrait se calmer un peu »
Tandis que la digue suivante il l’enjambe et calque sa course sur elle
La mer a l’éclat gris, ou jusqu’au ciel d’éclaboussé
Il s’agit autant d’une jungle, d’une brousse et de marais
L’Indien courroucé, certains tout roussis de sel et de vagues ramassées
Chemin que personne ne rebroussera et l’arrêt étant interdit
« ça bourrine fort » et ce rattrapage doit se mériter
« J’essaie de gagner vers le Sud pour m’éviter » … des pages de glace
De pas joyeuses rencontres et « … des empannages un peu plus forts »
Alors il se déplace agité voire possédé par l’action
Des portions dévalées, décoction de mouvement
Des coques sont moins rapides que la sienne en ces contrées
Moins solides surtout, et d’autres skippers s’attardent autant à le raconter
Rencontre des éléments, des sentiers choisis, du sort échu
Au plus fort des conditions le 3ème, à filer, multiplie les antiphrases
Répétition de ce « un peu », la dentition bien serrée, déterminée
Tandis que le 2ème se voit moins rasséréné
Confronté à de plus gentilles phases peut-être, mais payant pour qui ?
L’option Sud d’avant, d’avoir croqué le gâteau en son milieu
En sommeillant, voilà que … « cette nuit on a cassé un foil »
Car c’est un fait, s’exposer fait ramasser quelques râteaux
Tandis que son bateau ne ratissera plus qu’un côté
« perdu le foil tribord » et c’est toute une brassée d’émotions dans les yeux
La grisaille autant que dans les cieux, ce qui n’est facile en rien
Ce qui naît ici fait vaciller, mais ce qui n’y meurt pas : poursuit
« j’étais en train de dormir quand le bateau est parti au tas »
Le visage floqué d’une humeur ayant connu le désagrément
Il a « choqué les écoutes » et attentivement, au tapage trop étrange…
« quelque chose clochait » latence sur le navire
Qui « ne répondait plus de la même manière »
Le marin et lui se questionnant, de cette cadence congestionnée
A « 17 heures TU » les temps pour lui se sont unanimement arrêtés
A l’anse de sa bouche « je saurais pas l’expliquer »
Il y a du piquant mais pas de quoi abandonner sa place
Constatant la cassure là sur « la partie la plus courbée du foil »
De quoi abonder en rougeur dans l’œil, en mots un peu rageurs
C’est ainsi qu’une course peut tourner « au niveau du coude »
Là pas loin de l’Australie, l’appât du gain sans tout à fait condamner
Les chances à l’ostracisme mais « sans cet appendice … »
L’atout premier pour lui dont ce n’est pas la toute première
« … le bateau est complètement différent » mais pas à dire qu’il se rende
Dans ces mers qui n’ont rien d’un paradis, fortement encaissées
C’est une marche qui se fera sur un bord, ou ralentie
Faiblement la voix se souvient du passé sûrement « très dur à encaisser »
Les faits remontent mais si les formes diffèrent, tout revient tout de même
Derrière on n’est pas sur un retour encore « j’arrive à contenir l’avance »
L’absence pèsera son poids, reste à savoir ce que sa chance en dira
Tandis qu’à l’orée d’une phrase on l’entend dire « la remontée de l’Atlantique »
Lucide ou confiant, tant habitué à ce qu’il fonce
Oubliant ici de cet autre océan qu’on qualifie à tort, pacifique
Cette excursion dans le Sud pourrait froncer les ciels encore
La trajectoire en est labyrinthique et le minotaure ?
S’appelle selon, peur, avarie, rencontre inopinée
La prime à ceux sachant contenir le tortueux qui les guette
« j’ai rien senti de flagrant » quêtant un ressort intérieur
Qu’entend-il ? sinon se sortir de tout semblant d’inquiétude
Quand insensiblement, le 1er poursuit la bonne marche de ses études
Pas crâneur ni gagnant mais le Cap Leeuwin atteint
De ce fil, il est du gratin : il a lu le vent, le temps, mieux
Des 38 capitaines, ni plus vieux, ni plus jeune : à l’heure de la joute
« D’ici quelques jours avec le passage de la Tasmanie »
Les dés enduits d’une part de chance, ceci sans réduire la tendance prise
L’avance prise ou conservée, reprise, à converser avec la concurrence
Bien qu’il « devrait voir son confortable écart se… » ramener à un peu moins
Quand derrière on va plus rapide, pas plus avide mais mieux loti
Le poursuivant « trop rapidement à son goût » la table les écartant moins
La carte les affublant d’un rapproché « une centaine de milles sur le leader »
Le lit des rêves a coûté une aile à l’un, la liste des vents fourmille de ceux d’après
On dort sagement, c’est-à-dire d’un sommeil léger
Car « demain soir » la piste pourrait changer, s’inverser
« une dorsale pourrait bien ne pas faire » … ce que les suivants veulent
Face à ce possible constat décevant que « le plus rapide de la flotte » s’esseule
Il est des Sud plutôt qu’un unique, et dès après la Tasmanie, le nom changera
Où les déçus d’hier, qui sait, verront se « graisser les rouages » d’un renouveau
qui s’enclenchera
Jean-Marie Loison-Mochon