Vendée Globe 2024 | Lundi 13 janvier 2025
« 26 degrés, chaleur, bonheur, petite mer croisée ! »
La franchise veut que ces conditions ne soient pas Nord
Pas la banquise non plus, mais sous l’Ouest français : janvier
Un dernier jour, une dernière nuit, à enjamber
Un jeu un brin longuet : le premier joue sa gagne
Qu’en est-il du deuxième plus si loin ?
Va-t-il se faire à l’inverse ?
De pusillanime, comme toujours
A l’envers du monde ils sont allés, ont lutté
Se peut-il qu’un renversement, encore… ?
Au village il pleut déjà des annonces victorieuses
A jamais : se méfier de ce qui peut être déjoué
Manège déjà vu, mauvais pièges tendus, évités
Mais sacrilège d’une sieste et percussions
Répercussions, achalandant des énormités
Un chalut, un sale grain : jamais une fois sans deux
L’hiver suit son cours, et au scenario ?
Ça ne grince pas d’un gramme de doute
Personne ne souhaite de drame ou toute chose de ce genre
Cela dit : pour ceux qui en pincent, non pour l’un ou pour l’autre, mais !
Pour l’enjeu, les jaillissements, l’ébahissement :
Face à l’inattendu, la surprise, la tension revenue
Tous les observateurs se préparent une petite nuit
Dans ce bruissement d’une attention rivée sur l’un
La joie se lit, les paris s’endorment
Matelas sans mémoire, la mer
Miroir déformant et sur douze heures des veilles
La gagne est un acquis, la victoire alors ?
Taquine, dort-elle sur ses deux oreilles ?
Au-devant, neuf orteils sur la boîte et sa marche haute
Marche au ralenti, à tirer des bords sous Bretagne
Attiré par des phares ou des angles convoités
Convoi ténu : des espoirs, du sommeil, des forces restantes
Quelle lettre ajouter, quel être va s’ajourner toute ligne ?
Poste restante, que disent les pos. report ?
Les portes ouvertes vers l’issue
Ils viennent du Sud mais sont au Nord
L’un déçu ? les dessous d’un jour d’avant
Qui les sait ? mieux vaut que tous deux s’abstiennent
Il se peut que le vent les restreigne, et le Cap mis ?
Une arrivée discrète et dans la nuit ?
En catimini, como gatos en la noche
Rien qui discrédite bien sûr, ces derniers bords assurés
Tout est record, et personne ne saurait s’en insurger
Le crédit aux équipes, aux marins, aux architectes
Les heures résonnent, à un rien mais un fossé
« Y ya no tengo que esperar, para saberlo »
Rien pour saborder l’écho, l’effet rare du victorieux ?
« Somos dos, somos dos » les choses s’effritent, à retenir ?
Qu’ils sont solitaires et que lui seul va passer la ligne, premier
Primeur : ce mode aux sensations qu’un seul peut goûter
« Ay que emoción, que emoción que emoción » ce monde du sensationnel…
Est-ce qu’après 65 jours, finir derrière commotionne ?
Il y a comme à sonner les cloches d’un voyage achevé
« Y que me importa, si esta noche es solo tuya y solo mía » ?
Que t’importe à la fin ? de savoir si tu as le rêve chevillé ?
Au décor et dans les temps ?
Que cette nuit soit sienne ou tienne
Quelle est l’histoire, dans l’étendue ?
Que les gens retiennent
Est-ce l’émotion ou le rendu final ?
Le rang du finisseur, le rang terminal
Tout cela rend-il pensif, triste ou oppressé ?
Tous ces laps écoulés, dans ces tours déroulés
Les poncifs en roue libre à ceux qui s’en sentiront
Quand sans crier gare ces deux s’en fichent
A conclure leur bagarre cette nuit
Sans qu’ils ne jurent de rien avant d’avoir figé, l’instant
Habités par l’insistance de la prudence
Ou la stridence des dernières fougues à briquer
La foule guettera dans le noir quand bien ailleurs
« cette nuit on a passé le nord de la dep’ »
A s’observer sur des routes lointaines, à 60 milles puis 10
Derrière, devant, pas sevrés du voyage et quand bien même
Dans l’hémisphère Sud avec deux moitiés d’océan
Parc où rire et pleurer, s’analyser les angles pris
« suivre comme un mouton, je sais pas faire »
Les avis des autres sont des fers, des sangles, à certains
Quand sanguins ou non, d’autres s’en défont
Ni fièrement ni rien : traçant des légions de pas, pour eux seuls
Les papyrus de l’histoire ne les retiendront pas
Mais « je ne vais pas suivre »
Puisqu’au long de la vie, ils s’entendront avec leur passé
Souvenirs, mémoires puisqu’il « faut toujours que je sente un coup »
Et c’est un couplet si plaisant, qu’on plaide pour l’écouter
De la course, les premiers ont tout écourté
Mais des encore ceux-là en ont
« ce sera la dernière option » phrase à couper ?
Le souffle dans le soleil sous l’équateur
« je ne suis pas tout seul … on est deux fous »
Dessous bien d’autres sur la carte, mais en surface
Du visage ou de leur bout d’océan : bien en place
Sur le chemin du rêve, qui se trace, s’efface, se redessine
« on a les crocs » et les lèvres irradiées de sel et de sourires
De chevaleresque il n’est qu’une seule bataille
Celle avec soi, qui parfois se mêle à celle d’avec ceux :
Qui ont la leur et la disent « on vient d’empanner pour le Cap Horn »
Pas à en pâlir mais « on vient d’entrer dans la dep’ » en brassées de milles
Comme à pouvoir lire en eux : de joies anxieuses, pourvus
D’infimes îles passant à dire « j’embrasse la mer pour vous »
Jean-Marie Loison-Mochon