A feu et à sang - Jean-Marie Loison-Mochon

Tes yeux m’aimantent et j’t’espère pas religieuse

On sort du lit, j’invente rien

On n’est pas rivière, j’évente rien

Mais vu qu’ça s’ra plus qu’hier

A vue et cuillère par cuillère, j’inventorie

Non j’invente rien : tu fuis

Braise nulle : j’invente rien

Pas à l’aise ou dans l’doute j’sais pas

Parallèle ou pas dans l’coup j’sais pas

Baise nulle, j’invente rien

En moi j’inventorie mille sens

En toi j’invente une rime à l’absence

Baise nulle à ta cime, absence juste avant

Pas d’avant torride ok, mais quel sens ?

J’invente rien, au quai d’tes sens ?

J’invente au rythme d’nos luminescences

T’es ma lune, j’peux rien si déliquescence

Au délice des sens y’a lacune et pas qu’un

Au délice des sens y s’faut deux et pas qu’une

T’es ma lune, j’peux rien si déliquescence

T’es mal une fois, j’émarge en toi

Mais y’a d’la marge en moi, j’ai la foi

Y’a d’la magie en nous j’crois

Y’a d’la magie en tout, j’crois même

Mais bouge-toi, y nous faut l’théorème

Bouge-nous s’il faut, mets nous l’rythme

Mais m’prends pas comme bouche-trou pour la rime

Et vois qu’c’est toi qui bouches tout l’horizon, ses cimes

C’est si mince le désir et là on vient d’déboucher sur rien

Rien qu’du sang et pas d’feu, drôle de bûcher

Rien qu’du sang et faudrait déboucher l’champagne ?

J’suis en pagne à loucher sur les manques

J’suis pas en panne mais toi si, à toucher c’qui t’manque ?

Etoile si tu l’veux tout pré prend sens

A feu et à sang j’nous sais mais j’pense

Qu’étoile si tu l’veux, tout pré prend sens

Qu’ton pré peut prendre sens, sous nous

Mais qu’y faut qu’tu fasses acte d’présence, sinon

Sinon j’aurai beau sinuer : baise nulle

Tu t’absentes et biaises tout, même la lune

Ensanglantée sans sangloter, tu bulles

Ensemble hanté sans décalotter l’désir

Tu t’décales au dernier moment, t’dissipes

Mais vu d’ici putain, comment comment ?

Comment veux-tu qu’j’invente un rythme

Tu m’veux j’m’invente un ch’min

Tu m’veux plus, j’m’évente en ch’min ?

J’te fuis tu m’réinventes une main

J’te suis tu m’fais inventorier une fin

Dans cette nuit d’quoi as-tu faim ?

Qu’les corbeaux coassent ou adulent nos reins ?

Crois-moi j’ai rien senti non plus, encore que

Ton beau corps m’est passé d’ssus, m’lasse pas

Mais j’le veux pas tombeau, passé déçu

J’nous veux pas tombe au milieu d’minuit

Une hécatombe à mille lieux de l’An

Dans c’t’état tu m’plombes, t’as mis l’feu à blanc

Si t’as l’feu absent, pose tes bombes

Mais t’as l’feu présent, alors ose tes ombres

J’invente rien, j’sais qu’on peut s’aventurer

Mais m’fais pas inventorier, le mal au feu

J’inventerai tout s’il faut, même t’ceinturer

Qu’à tes seins tu ries, qu’d’un rien tu jouisses

Qu’à l’essaim d’tes cuisses on puisse voir

Qu’on puisse croire à plus qu’du sang : du feu

Qu’du feu descende et croisse en nous

Comme le croissant nous r’gardant d’autres soirs

Comme l’excroissance à ta joue

Comme ce p’tit quart sensoriel, surajout

Comme l’excroissance à ta joue

Comme le croissant nous r’gardant d’autres soirs

Qu’du feu descende et croisse en nous

Des cendres j’invent’rai rien, crois en nous

Décembre s’évente et j’viens jusqu’à nous

Viens on s’prend, droit dans les yeux

Viens on s’prend, les os jusqu’à nu

Parce qu’là on dirait qu’t’annules tout

Ça coulisse pas ça crisse, t’annules

Me fais pas d’l’An une Annus horribilis

On a tous nos cribles, nos blessures

Alors viens sur moi et dis-nous tout

Dînons tendres ou sous brutalité

Mais j’dis non aux cendres, à c’t’absurdité

Tes ch’veux m’sont pas cendres ou surdité

Tes ch’veux m’sont argent, comme une sublime idée

P’t-être qu’il y a du subliminal dans cette passe

P’t-être qu’on passe et qu’j’subis minable

Mais si comparses crois-moi, qu’on partage

On l’passera ce froid d’ton sang, on s’départagera plus

Et si t’as l’sang-froid, chauffe-moi j’ai la rage

J’ai l’sang chaud, chouf moi j’ai l’agilité du feu

Volcan chouf, volcan j’chauffe mais

J’chauffe mais qu’sous apogée

Quand sous ta peau j’erre, sous shoot d’argent

J’veux pas d’cette soupe, de c’te route rageante

J’invent’rai un rythme, à feu et à sang,

J’invent’rai au rythme d’mon feu, d’ton sang

Evente pas l’théorème, on fait plus qu’une rime enfin

On n’est plus qu’une rime à fin et ch’min

J’m’aventure ok, j’hérite de ton vide, ok

J’m’aventure au vide, au quai d’nos sens

J’m’évide, inventoriant l’loquet d’cette danse

J’invente rien, le clair de lune j’y r’pense

Pas d’avant torride ok, mais quel sens ?

Tu fuis t’dérider vers l’salon ou l’animal

J’sais pas c’qui t’anime à la fin

Tu m’veux c’soir j’viens, même pas à l’affut

Tu m’veux c’soir, rien, c’est quoi c’raffut ?

Le refus du vide dans mes yeux

Le refus du vide au blanc d’tes yeux

Le corps nu mais rigide et taiseux

Tes yeux n’mentent pas et j’suis pas r’ligieux

Tes yeux m’aimantent et j’t’espère pas r’ligieuse

A v’nir et rev’nir moi j’y crois, mais j’y croise ces yeux

L’av’nir et l’dev’nir y faut une croix d’ssus ?

L’av’nir nous dira si tombe ou trésor, j’crois

Là j’vais dire qu’tu m’plombes dans ces heures

Tu m’veux c’soir, tu t’bombes sur moi

Tu m’veux j’crois, aux catacombes

Tu m’veux mais tu poses des bombes

Tu m’veux, j’m’expose à ras l’cœur

J’m’harasse, m’exploseras-tu dans l’heure ?

Crois-moi là j’ramasse mon orgueil

Crois-moi là j’amasse tes écueils

J’t’ai dit, j’ai ma seule vision

J’t’ai dit, j’inventorie nos lésions

A l’instant même pas baise mais taudis

Et dis, avant tu riais pas mais quand même

Dis, avant l’aventure s’faisait théorème

Avant tu roulais d’désir, t’en crissais même

Ce n’était pas en cris mais pas en chrysanthèmes

Y’a une crise dans l’thème, en gris j’crois

Et dire qu’il est même pas question qu’on s’aime

Hey dis, il est comment l’théorème ?

Si t’as des idées, citadine

Si t’as des idées, cite à désir, j’écoute

Si t’as décidé d’couper l’court-métrage

Si t’as décidé d’flouter par tes nuages

Parle et puis à jour j’saurai

Si à ton puits d’sang on peut s’sauver

Ou si impuissante tu vas t’sauver

J’suis pas un puits d’science ni souverain

Mais sous l’verrou j’peux tenter

J’peux tenter d’passer comme sous rêve

Car crois-moi, femme homme on l’a la sève

On l’a c’lalala homérique, c’t’Amérique savoureuse

Mais à nous faut qu’t’amerrisses

Parce qu’ça s’mérite une traversée

Y faut qu’tu nous hisses la bannière

Y faut qu’tu nourrisses demain d’hier

Y faut qu’nous puisse des deux mains saisir

Qu’dès demain la puissance nous soit d’désir

Qu’dès maintenant même, à ton puits d’sang

Dis maintenant l’théorème, atout d’puissance

Si t’es au rythme de rien, tu m’ramèn’ras pas

Et si tu t’amènes pas, faudra s’dire amen, y’a pas

Mais y’a plus et tu l’sais, y’a à tousser du feu

Y’a à toucher ton sang, c’que notre feu a d’touchant

Car tout chant est théorème et j’théorise plus

J’ai plus b’soin, j’nous sais au rythme du feu

J’ai vu loin toi aussi, nous c’est un rythme délicieux

C’est un feu, c’est un rite mais il faut

Pour qu’on crépite il faut être deux

Car là j’vais pas rire, à ma f’nêtre y’a pas d’feu

Et là j’vais sourire, car à ma f’nêtre y’a pas l’feu

Mais j’vais t’dire quand même qu’on peut pas s’envoler

Qu’on peut pas s’envoler si t’enfouis l’théorème

On peut pas convoler si tu t’enfuis sans les rythmes

Car j’vais t’dire on peut voler mais là, ça vaut rien

Car là j’vais t’dire, moi non plus j’ai pas savouré

Comme sur un carrelage froid, passe même pas bourrés

Comme si l’écart là, à tes jambes sur moi

Comme si l’écarlate avait saigné d’nous

Comme si les p’tits quarts entre les lattes cédaient

Comme si à toi, j’étais plus capable d’accéder

Crois-moi j’suis pas excédé, j’sais qu’c’est risqué d’s’exposer

J’te d’mande pas d’t’exposer toute crue

Mais dans l’sexe ou ensemble, faut oser s’mettre à nu

Et j’invente rien, nous on peut

J’invente rien, on l’a l’feu

Sans feu et en sang, là dans l’tréfonds d’toi

Sans feu et en sang, ça m’griffe on peut pas dire

Mais on peut pas dire non plus qu’on pompe à deux

A l’instant c’est pas l’feu qu’on adouba

On a deux bras, deux jambes mais plus que ça

On a du brame, des jambes immenses pour ça

On s’adulera mais y faut qu’tu l’veuilles

Au lieu d’rester sur moi, comme assise sur un fauteuil

Y’a faute que si on s’effeuille pas

A la photo, j’dirais qu’la j’vois pas ta faille

J’irai d’dans ta faille mais fais-nous la faveur

J’irai mais fais-nous la faveur d’t’effeuiller

J’dirais, à feu et à sang par hasard

J’dirais, qu’en flamme et argent on pare à ça

On pare à toute sale passe

On part ajouter alors ? Un passé luminescent

Ou on partage, s’surajouter ?

C’surajout, de c’qui illumine nos sens ?

 

Jean-Marie Loison-Mochon

A feu et à sang

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