Sur la faille de nos continents

Cette île d’alors, de bien avant les vagues

D’un mois dehors, d’écume et d’amplitude

Voire même de bien avant les hordes

Ces distances parcourues voilà maintenant mille ans pour moi

De l’intensité réveillée, d’un territoire donné

Dormant sur des failles et de très anciens feux répétés

Jeunesse replète pas encore et la lave nous sous-tendant la tente

L’étendue grise ou verte ou bleue, face à notre fougue noire

A nos corps, ces miroirs, où guettait la grandeur

Le gigantisme des plaines lunaires

Sans l’empirisme des plaies, n’en déplaise à des mondes d’après

Des monts de laves tues, ayant scandé par le passé

A leurs pieds nous nous réveillions

A l’heure d’été, celle-là sans nuit

Pâleur du terne à venir, mais en ces matins

La neige ou le vent, l’inventaire de la nature entière

Nous avions ce jaillissement, la certitude de l’étreinte

Et pourtant ces légions d’heures à nu, obnubilés par les gestuelles de l’ombre

Ou de la silhouette qui l’émettait, sur ces sols froids et mousseux

Sans se froisser jamais, croisant toujours l’intention-sœur et entêtante

En ces terres boisées de rien, polaires de sémantique

Nous semions sous des ciels jamais nuit, pris dans l’unilatéral nous traversant

Dans la désolation nous nous serrions, unis par les râles du moindre vide

Emplis du plus antique des instincts, de ce qui ne s’éteint que quand ne s’évoquant plus

Dans les plis adressés au souvenir, la magnitude qui entre nous s’invoquait

D’un vocable extatique et commun

Posés là sur le lit de cette île commune comme aucune

Quand on s’y lia sous usure ou énergie, de ses plus extrêmes émergences

Illustration | 2013

Jean-Marie Loison-Mochon

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