Sirène(s)
A Gabrielle, que vous retrouvez dans L’incandescence du flou
Sirène, sirène, tu m’serais redoutable
Je sais, je sais, qu’tu m’serrerais
Au fond d’tes bras, j’tablerais sur un redoux
Au long d’tes bras, douceur mais pas redite
Sirène, sirène, redoutable tu palpites
A l’ombre d’tes bras, à n’en pas douter
Redoutable ! un retour de bâton à attendre
Si ma main, je jouais à t’la tendre
Si ta main m’longeait, et que j’plongeais
A ta main j’serais, redoutable palpitation
Je te r’douterais pas pourtant, du palpitant
Oh non j’t’écouterais, géante vénérable
Oh oui j’écouterais, tes chants vulnérables
Et ta voix s’écoul’rait, de toi en moi
De toi à moi comme une fable, séculaire
S’écoul’rait c’t’air que font les vivants fous
S’écoul’rait c’t’air qu’les vivants font, quand
Quand au fond d’bras vulnérables, un nouveau souffle
Quand au fond les yeux s’voilent noirs, de l’abyssal
De la bise à la lisière des souffles
De là s’briserait un dernier ? Souffle
De là s’repriserait l’nouveau ? Souffle
De la prise que f’rais-tu sirène ?
Dans l’abysse me f’rais-tu don d’braise ou d’air ?
De l’âme fris’rais-tu aussi, d’un désir sans fer ?
Dans ces déserts d’abysse
Que ta mélancolie tapisse
Mêl’rais-tu ton élan aux lignes de ma bouche ?
Mêlant nos stupeurs, en touchant nos peurs ?
En m’faisant la fleur d’un peu d’air, au fond
En t’faisant l’effleurement au désert, au long
Au long d’mes lèvres : sirène, sirène
Comme au long d’mes lignes : sirènes, sirènes
Comme des chants profonds, d’voix et d’encre
Comme des chants d’toi, qui s’ancreraient
Homme profane : sirène, j’te verrais femme
Homme ou femme, il s’en créerait
Il s’en créerait des chants profanes, d’instants
Sirène, sirène, comme un drapeau qu’on hisse
Sirène, sirène, comme nos peaux dans les abysses
Jean-Marie Loison-Mochon