Providence - Crépuscule d'un cycle - Jean-Marie Loison-Mochon

Providence

Certains disent coïncidence

Comme si dans ces moments…

Dansait la rationalité

Car il faut rationner l’idée, la cantonner

L’idée de ce qui nous est… inexplicable

Oui l’idée, il faut la contrôler

Alors ceux-là disent coïncidence

Quand d’autres ici désignent ça concordance

Ils sont encore dans ce rationnel

Mais ils s’accordent un optionnel : le doute

Le tout étant inaccessible, ils en appellent à l’ignorance

Car s’il y a un Nord, n’est-ce pas qu’une direction ?

L’invisible est inacceptable, jusqu’à ce que ses ailes se dévoilent

On bat de lui, lui de nous : on bat de lueurs

Nous cibles mais lui non nuisible

Car on bout de lui, heurtés par le réel

Le cœur bout de nuit, flirtant avec le sens

Et sans savoir comment, au matin, alanguis

Ce savoir incommensurable nous échappe

Comme happé par l’échiquier du rêve : non mesurable

C’est une savante fable ou un joyeux bazar

Puis viennent ceux-là chez qui, il n’est pas de hasard

Ils ne s’inventent rien, n’en savent pas une part de plus

Mais ils sauraient inventorier de ces fois-ci :

Celles-là quand l’envers s’évente d’un peu

Quand il vente infime d’un pays sans nom

Dont d’éphémères entrelacs s’arriment en nous

Don ou effet ? Même jusqu’aux mots se lassent

Ce flou dépasse le fictif, il se morcelle puis s’efface

Comme une goutte d’eau, ce mets addictif

Sans qui se scelle la mort, qui terrasse

Ce flou sans le sel duquel l’amorce parfois manque

Ils ne s’ensorcellent pas, ceux-là qui disent

Ceux-là qui disent qu’en quelque sorte un flou irise

Il électrise un instant, car il n’est pas du hasard

On est perdu là, dans des aires arables

On s’y perd du matin au soir et vient la bascule

L’heure pourpre quand le violet mâtine le désert

Le repousse et aux rayons, l’époussette

Et des instants comme des poussettes dans le dos

Et des incidences commettant d’autres providences

De minces occurrences mais dont le trait gros s’immisce

De providence, bien que je ne sache pas ce que signifie ce mot

 

Jean-Marie Loison-Mochon

Crépuscule d’un cycle

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