Providence
Certains disent coïncidence
Comme si dans ces moments…
Dansait la rationalité
Car il faut rationner l’idée, la cantonner
L’idée de ce qui nous est… inexplicable
Oui l’idée, il faut la contrôler
Alors ceux-là disent coïncidence
Quand d’autres ici désignent ça concordance
Ils sont encore dans ce rationnel
Mais ils s’accordent un optionnel : le doute
Le tout étant inaccessible, ils en appellent à l’ignorance
Car s’il y a un Nord, n’est-ce pas qu’une direction ?
L’invisible est inacceptable, jusqu’à ce que ses ailes se dévoilent
On bat de lui, lui de nous : on bat de lueurs
Nous cibles mais lui non nuisible
Car on bout de lui, heurtés par le réel
Le cœur bout de nuit, flirtant avec le sens
Et sans savoir comment, au matin, alanguis
Ce savoir incommensurable nous échappe
Comme happé par l’échiquier du rêve : non mesurable
C’est une savante fable ou un joyeux bazar
Puis viennent ceux-là chez qui, il n’est pas de hasard
Ils ne s’inventent rien, n’en savent pas une part de plus
Mais ils sauraient inventorier de ces fois-ci :
Celles-là quand l’envers s’évente d’un peu
Quand il vente infime d’un pays sans nom
Dont d’éphémères entrelacs s’arriment en nous
Don ou effet ? Même jusqu’aux mots se lassent
Ce flou dépasse le fictif, il se morcelle puis s’efface
Comme une goutte d’eau, ce mets addictif
Sans qui se scelle la mort, qui terrasse
Ce flou sans le sel duquel l’amorce parfois manque
Ils ne s’ensorcellent pas, ceux-là qui disent
Ceux-là qui disent qu’en quelque sorte un flou irise
Il électrise un instant, car il n’est pas du hasard
On est perdu là, dans des aires arables
On s’y perd du matin au soir et vient la bascule
L’heure pourpre quand le violet mâtine le désert
Le repousse et aux rayons, l’époussette
Et des instants comme des poussettes dans le dos
Et des incidences commettant d’autres providences
De minces occurrences mais dont le trait gros s’immisce
De providence, bien que je ne sache pas ce que signifie ce mot
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle