La route et la peur et s'étreindre - Crépuscule d'un cycle - Jean-Marie Loison-Mochon

La route et la peur et s’étreindre

 

“And how’s that insatiable appetite?

For the moment when you look them in the eyes

And say, “Baby, it’s been nice”

So do you wanna walk me to the car?”

AM – There’d Better Be A Mirrorball

 

La route s’il vous plaît, la route !

Je n’en peux plus de ces doutes 

Je ne veux plus que jouter

Avec l’horizon, feu que la pluie empêche

Ce que la pluie de torpeur empêche…

Ce que la bruine de nos peurs dépêche

On s’en empêche de vivre

Par peur de souffrir on se cache

Par peur de s’ouvrir on se cache

Par peur de s’ouvrir on souffre

On souffre pour se cacher

Car s’ouvrir c’est prendre le risque de gâcher

Alors on s’en assure la certitude

On ne sort la tête de soi que dans les habitudes

On ne s’entête qu’à se décevoir

Dans ces voies résonne le vide

Le réservoir à vide, qu’on dit

Mais l’on s’empêche au moins de déraisonner

Car ne devient fou que celui qui s’écoute

Ou ne devient fou que celui qui ne s’écoute pas

Si tu écourtes par peur, qu’es-tu ?

Si tu écoutes ta peur, es-tu digne de toi-même ?

Si tu écartes par peur, qu’es-tu ?

Si tu écartes ta peur, n’attends pas la quiétude

Attends-toi à l’inquiétude des flamboyances

Comme une détente au fond de toi, une urgence

Commets cette folie de te teindre argent

Commets cette folie de t’éprendre d’une nuit

Car la folle ivresse d’une nuit survient au crépuscule

Une nuit ça lie et se dit liesse, dès crépuscule

Même si parfois l’on se délaisse

On déleste : pare-feu de la peur

Et puis l’on se déteste, d’avoir eu peur

Et puis on digresse, dans des écorces de pensées

On dit grève et la pensée s’en fout, alors on relit

« M’étreindre serait une première amorce… »

On rêve à se teindre argent ou nuit, s’éteindre ensemble

« … de réponse » on n’a pas alors on repense

La pensée repasse, l’insensé ressasse, à en peindre :

« M’étreindre serait une première amorce de réponse… »

Résurgences de nos travers, de nos trouvailles

« A cette urgence » sans un mot à l’envers

Alors à l’envers de l’horizon, aller tout entier

La route s’il vous plaît, la route !

Je n’en peux plus de ses doutes

Je ne veux plus que jouter

Avec son corps, et qu’il jouxte le mien

Et ses pensées, qu’elles jouxtent les miennes

 

Jean-Marie Loison-Mochon

Crépuscule d’un cycle

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