La route et la peur et s’étreindre
“And how’s that insatiable appetite?
For the moment when you look them in the eyes
And say, “Baby, it’s been nice”
So do you wanna walk me to the car?”
AM – There’d Better Be A Mirrorball
La route s’il vous plaît, la route !
Je n’en peux plus de ces doutes
Je ne veux plus que jouter
Avec l’horizon, feu que la pluie empêche
Ce que la pluie de torpeur empêche…
Ce que la bruine de nos peurs dépêche
On s’en empêche de vivre
Par peur de souffrir on se cache
Par peur de s’ouvrir on se cache
Par peur de s’ouvrir on souffre
On souffre pour se cacher
Car s’ouvrir c’est prendre le risque de gâcher
Alors on s’en assure la certitude
On ne sort la tête de soi que dans les habitudes
On ne s’entête qu’à se décevoir
Dans ces voies résonne le vide
Le réservoir à vide, qu’on dit
Mais l’on s’empêche au moins de déraisonner
Car ne devient fou que celui qui s’écoute
Ou ne devient fou que celui qui ne s’écoute pas
Si tu écourtes par peur, qu’es-tu ?
Si tu écoutes ta peur, es-tu digne de toi-même ?
Si tu écartes par peur, qu’es-tu ?
Si tu écartes ta peur, n’attends pas la quiétude
Attends-toi à l’inquiétude des flamboyances
Comme une détente au fond de toi, une urgence
Commets cette folie de te teindre argent
Commets cette folie de t’éprendre d’une nuit
Car la folle ivresse d’une nuit survient au crépuscule
Une nuit ça lie et se dit liesse, dès crépuscule
Même si parfois l’on se délaisse
On déleste : pare-feu de la peur
Et puis l’on se déteste, d’avoir eu peur
Et puis on digresse, dans des écorces de pensées
On dit grève et la pensée s’en fout, alors on relit
« M’étreindre serait une première amorce… »
On rêve à se teindre argent ou nuit, s’éteindre ensemble
« … de réponse » on n’a pas alors on repense
La pensée repasse, l’insensé ressasse, à en peindre :
« M’étreindre serait une première amorce de réponse… »
Résurgences de nos travers, de nos trouvailles
« A cette urgence » sans un mot à l’envers
Alors à l’envers de l’horizon, aller tout entier
La route s’il vous plaît, la route !
Je n’en peux plus de ses doutes
Je ne veux plus que jouter
Avec son corps, et qu’il jouxte le mien
Et ses pensées, qu’elles jouxtent les miennes
Jean-Marie Loison-Mochon
Crépuscule d’un cycle