A l'anarchie du désir

Fragment 17 – Sel féminin

Des fibres du tissu, tissu que je t’ai prêté

Remonte en moi cet effluve dont on ne doit rien dire

As subtil que cet effluve issu du féminin

Prude il serait vulgaire d’en dire

                                               Mais je veux le brandir

Auprès de ce sel la mer aux désirs peut grandir

Une marée qui se lève, je te l’enlève du bout des lèvres

 

Nous embrassons l’heure d’or, de l’aube endormie

Ombre à demi dormante, jour à deviner

Inversion des forces dans les ports salins de nos rêveries

Renversant le sombre incertain pour nous enivrer de venin

 

A l’aube ? Après. La cigarette sent ta peau. J’emprunte un chemin qu’aucun pas ne marque. J’emprunte de son argent à l’aube, mais je ne rembourserai rien. La nuit n’avait aucune dette, mais elle nous paie quand même du mot après. Les vignes sont en paix, pays sans signe de trouble. Tu te réveilles, nous ne sommes plus inconnus : nous sommes une addition d’après, démultipliée par la nuit. La date s’est inversé mais est toujours la même. Un même huit dans cet août. La date est la même mais ce lit s’est nourri de nous, cette pièce nous a inspirés, expirés. Mes vêtements se sont enduits de toi. Ceux que je porte, ceux que tu portes. Nous sommes l’aube et l’aurore. Dans le trouble des lueurs, des échos de sommeil, des fumées à tes lèvres, je ne sais déjà plus qui a commencé, de l’aube à l’aurore. Une superposition, nous l’escaladons. L’après tombe dans la grande escalade : la violence du désir déboule depuis tes côtes, ton cou, tes seins, tes visages s’inversent. Je perçois les sens de ton ventre, l’abime de ton nombril. Un îlot ou un tourbillon ? A l’ultime île je veux aller, mais ce tissu je le laisse. Il ne lèse rien, il ne pèse rien sur tes fines cuisses. Il remonte sous ma main, que l’on soit hier ou demain, le grand huit, la grande escalade. Je m’allonge car tout chez toi me donne le vertige. Je te longe, je te touche et toi, tu nous reflètes. Ce tissu est l’atout, l’as subtil. Il est invisible et sous-tend mon goût pour l’aube. A jamais ce sel me sera aube, à partir de ce maintenant. Ce matin tient notre marée, jeu des retours, départs, à la grève de tes lèvres. Je mords ce tissu, du genre de morsure qui déjà renonce à elle-même, d’une morsure qui ne veut aucune mort, ou de la mort que l’éternel. De gros mots redondants, nous n’en avons aucun… Après. Le sel sur la grève me laisse muet. Au grand huit toi aussi tu t’es muée, en une redite, un reflet. L’aube et l’aurore, le sel et ta peau. L’aube et l’aurore, elle et nos flots. L’aube et l’aurore, oui. Ta robe odore le nu. L’aube et l’aurore, nos soifs et ton sel féminin.

 

Des fibres du tissu, tissu que je t’ai prêté

Remonte en moi cet effluve dont on ne doit rien dire

As subtil que cet effluve issu du féminin

Prude il serait vulgaire d’en dire

                                               Mais je veux le brandir

Auprès de ce sel la mer aux désirs peut grandir

Une marée qui se lève, je te l’enlève du bout des lèvres

 

Nous embrassons l’heure d’or, de l’aube endormie

Ombre à demi dormante, jour à deviner

Inversion des forces dans les ports salins de nos rêveries

Renversant le sombre incertain pour nous enivrer de venin 

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