El viaje | Le voyage - Jean-Marie Loison-Mochon

El viaje | Le voyage

Tant de néo-nomades

Qui sur le dos de leur modernité mettent

Qui sur l’eau de leurs jours trop modérés mettent

De ces doses de pommade

De ces choses qu’ils appellent voyage

Quand ça s’appellerait plutôt convoyage

Car le confort est parlant, criant

Il importe une fois de partir, une fois d’acheter

Imposture à aller, ou désirer

La modernité crée des postures, oui

Parce qu’il faut poster, parce qu’il faut postuler à exister

Et ne surtout pas pester : il faut se montrer excité

Et citer des lieux, des cités de partout

Des cités de nulle-part, de mille ports sous cécité

La modernité se récrée, de son imposture

Monde élimé du verbe : aller

On révère faire, réverbère à : acheter

Mais on n’achète pas le verbe aller

Car aucun argent ne peut aller en soi

Sauf celui que la lune agence, aux joies

A ces genres d’illusions, que dire ?

Qu’un direct ne vaut pas aller

Car aller n’est que trois points au loin

Un direct en suspension : aller

Aller en soi, là où il n’y a pas de retour

A l’errance, aller en soi

Pas d’imposture alors

Car l’aventure c’est encore

C’est encore se risquer soi

S’exposer de corps et d’esprit : à l’autre

Et s’oser, s’éparpiller, se distendre

Partir peu importe la distance

A l’aventure dans… l’existence

Car l’excitant est là, de s’aventurer

Se risquer soi dans de savantes nuées

 

Jean-Marie Loison-Mochon

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