Comme une cité d’Dieu
Saint-Augustin putain sauve-moi
Ça fait longtemps qu’j’ai quitté l’sein d’ma mère
Putain pourquoi ?
Avec elle j’aurais comme encore c’sentiment d’fin ?
Et là je m’sens timoré putain pourquoi ?
Saint-Augustin putain sauve-moi
Dès qu’elle ôte ses mains d’nous
Qu’el’ saute au loin, j’me dis
J’me dis : quelle sottise et maintenant ?
J’décalotte en rêve mais là j’ai plus d’sève
Dès qu’j’la vois galoper loin, c’est vrai
C’est vrai qu’même sur l’canapé d’en face, putain
C’est vrai qu’j’m’en sens m’essaimer, sur place
On peut pas être ensemble et s’aimer ? Impasse
Y’a qu’quand ma main passe ses portes
Y’a qu’ainsi que j’l’emporte un peu
Qu’ainsi qu’j’lui importe un peu ?
Qu’ainsi qu’j’les déporte dans l’feu ?
Ses putains d’doutes qui nous importunent
Qui nous importent une fin, sans libre-échange
J’suis pas libre, et j’sens
J’l’a sens qui change, qui s’livre pas
J’ai pas l’ascendant, c’en est lassant
Elle a l’incendie parfois, ça s’sent
Mais ça elle en dit trop rien, absente
A-t-elle trop l’incidence encore, du temps ?
Du temps passé qui danse en elle ?
Qui lui susurre et tance en elle ?
Qu’y’a trop brûlure pour, nouvelle chance ?
Pas assez d’sutures pour, r’nouer l’sens ?
En nous pas assez d’futur pour, r’nouv’ller l’errance ?
En nous les ronces alors m’évincent, à la distance
Saint-Augustin putain sauve-moi
Ça fait longtemps qu’j’ai quitté l’sein d’ma mère
Putain pourquoi ?
Avec elle j’aurais comme encore c’sentiment d’fin ?
Et là je m’sens timoré putain pourquoi ?
Saint-Augustin putain sauve-moi
Quand y’a étreinte, bordel
Qu’y’ait des quintes de sexe, ou des quintes de tendre
Quand y’a étreinte ou, qu’j’suis au bord d’elle
Plus rien n’s’éteint et tout s’expose
En moi plus rien n’se tend, c’qui m’fait oser
En elle plus rien n’s’entend, d’ecchymoses et
J’les sens loin les sentences
Quand l’sang danse en nous
Quand l’désir panse en nous
Toute distance ou tout remous
Et tout remonte, y’a plus d’pudeur
Y’a plus de honte, et bien moins d’peur
De peur en elle, comme sous fonte
Comme souffrance ou tout, pathogène
Toute distance ou gêne, dont
Dont on pâtit sans s’le dire, putain
Dont on pâlit à c’qu’elle en dise : une fin ?
Invisibles palissades, putain
Qui m’la rendent illisible, enfin
A la fin c’en est illicite, putain
C’en est pas qu’une illusion : j’la sens
Quand lascifs sous l’onction, j’nous sens
Abrasif ou abrasion, tout l’sens
Un abrazo une effusion, sans décence
Brasure ou jonction, sans distance
Le métal s’en distend, c’est sûr
M’est avis qu’nos corps s’disent tant, al Sur
Mais la vie c’est pas qu’en…corbellement
Alors encore bêtement ça, finira
Au corps d’nouveaux vêtements d’sa, fin qui rase
Qui couve au d’dans l’autre, abrasion
Comme un couteau dans, la portance
Comme un goût d’trop peu ou, d’apôtr’ assoiffés
Un goût d’tropique ou d’importance, là-bas
Un port qui danse trop loin, déjà
Si pur dans l’horizon, nos ébats
Putain si faire voile on, osait l’pas ?
Humains sous ferveur qu’on, posait l’mal
Putain si on s’la composait, c’t’alliance ?
Y’a l’talent et la science, faudrait citer
Y’a la langue, la patience, faut s’réciter
Le théorème qui, s’résigne pas
Monter au rythme d’la résine, à nos bras
Qu’en abrazo on, lésine pas
J’sais pas si les signes parlent mais on l’a, l’désir
Quand l’abrasion fond en nous, fonde en nous
Qu’on en fonde une citadelle, humaine
Un putain d’théorème citadin
Monté au rythme aérien
D’nos peaux, d’nos sangs, d’ses yeux
Sa peau, ma peau, j’nous sens, citadelle
Site à des lunes du ciel, rien d’mieux
Site à des lustres du temps, rien d’moins
Citadelle qu’on fonde à deux, confondus
Comme une cité d’Dieu, mais en mieux
Saint-Augustin putain sauve-moi
Ça fait longtemps qu’j’ai quitté l’sein d’ma mère
Putain pourquoi ?
Avec elle j’aurais comme encore c’sentiment d’fin ?
Et là je m’sens timoré putain pourquoi ?
Saint-Augustin putain sauve-moi
Jean-Marie Loison-Mochon
A feu et à sang