A feu et à sang - Jean-Marie Loison-Mochon

Comme une cité d’Dieu

Saint-Augustin putain sauve-moi

Ça fait longtemps qu’j’ai quitté l’sein d’ma mère

Putain pourquoi ?

Avec elle j’aurais comme encore c’sentiment d’fin ?

Et là je m’sens timoré putain pourquoi ?

Saint-Augustin putain sauve-moi

 

Dès qu’elle ôte ses mains d’nous

Qu’el’ saute au loin, j’me dis

J’me dis : quelle sottise et maintenant ?

J’décalotte en rêve mais là j’ai plus d’sève

Dès qu’j’la vois galoper loin, c’est vrai

C’est vrai qu’même sur l’canapé d’en face, putain

C’est vrai qu’j’m’en sens m’essaimer, sur place

On peut pas être ensemble et s’aimer ? Impasse

Y’a qu’quand ma main passe ses portes

Y’a qu’ainsi que j’l’emporte un peu

Qu’ainsi qu’j’lui importe un peu ?

Qu’ainsi qu’j’les déporte dans l’feu ?

Ses putains d’doutes qui nous importunent

Qui nous importent une fin, sans libre-échange

J’suis pas libre, et j’sens

J’l’a sens qui change, qui s’livre pas

J’ai pas l’ascendant, c’en est lassant

Elle a l’incendie parfois, ça s’sent

Mais ça elle en dit trop rien, absente

A-t-elle trop l’incidence encore, du temps ?

Du temps passé qui danse en elle ?

Qui lui susurre et tance en elle ?

Qu’y’a trop brûlure pour, nouvelle chance ?

Pas assez d’sutures pour, r’nouer l’sens ?

En nous pas assez d’futur pour, r’nouv’ller l’errance ?

En nous les ronces alors m’évincent, à la distance

 

Saint-Augustin putain sauve-moi

Ça fait longtemps qu’j’ai quitté l’sein d’ma mère

Putain pourquoi ?

Avec elle j’aurais comme encore c’sentiment d’fin ?

Et là je m’sens timoré putain pourquoi ?

Saint-Augustin putain sauve-moi

 

Quand y’a étreinte, bordel

Qu’y’ait des quintes de sexe, ou des quintes de tendre

Quand y’a étreinte ou, qu’j’suis au bord d’elle

Plus rien n’s’éteint et tout s’expose

En moi plus rien n’se tend, c’qui m’fait oser

En elle plus rien n’s’entend, d’ecchymoses et

J’les sens loin les sentences

Quand l’sang danse en nous

Quand l’désir panse en nous

Toute distance ou tout remous

Et tout remonte, y’a plus d’pudeur

Y’a plus de honte, et bien moins d’peur

De peur en elle, comme sous fonte

Comme souffrance ou tout, pathogène

Toute distance ou gêne, dont

Dont on pâtit sans s’le dire, putain

Dont on pâlit à c’qu’elle en dise : une fin ?

Invisibles palissades, putain

Qui m’la rendent illisible, enfin

A la fin c’en est illicite, putain

C’en est pas qu’une illusion : j’la sens

Quand lascifs sous l’onction, j’nous sens

Abrasif ou abrasion, tout l’sens

Un abrazo une effusion, sans décence

Brasure ou jonction, sans distance

Le métal s’en distend, c’est sûr

M’est avis qu’nos corps s’disent tant, al Sur

Mais la vie c’est pas qu’en…corbellement

Alors encore bêtement ça, finira

Au corps d’nouveaux vêtements d’sa, fin qui rase

Qui couve au d’dans l’autre, abrasion

Comme un couteau dans, la portance

Comme un goût d’trop peu ou, d’apôtr’ assoiffés

Un goût d’tropique ou d’importance, là-bas

Un port qui danse trop loin, déjà

Si pur dans l’horizon, nos ébats

Putain si faire voile on, osait l’pas ?

Humains sous ferveur qu’on, posait l’mal

Putain si on s’la composait, c’t’alliance ?

Y’a l’talent et la science, faudrait citer

Y’a la langue, la patience, faut s’réciter

Le théorème qui, s’résigne pas

Monter au rythme d’la résine, à nos bras

Qu’en abrazo on, lésine pas

J’sais pas si les signes parlent mais on l’a, l’désir

Quand l’abrasion fond en nous, fonde en nous

Qu’on en fonde une citadelle, humaine

Un putain d’théorème citadin

Monté au rythme aérien

D’nos peaux, d’nos sangs, d’ses yeux

Sa peau, ma peau, j’nous sens, citadelle

Site à des lunes du ciel, rien d’mieux

Site à des lustres du temps, rien d’moins

Citadelle qu’on fonde à deux, confondus

Comme une cité d’Dieu, mais en mieux

 

Saint-Augustin putain sauve-moi

Ça fait longtemps qu’j’ai quitté l’sein d’ma mère

Putain pourquoi ?

Avec elle j’aurais comme encore c’sentiment d’fin ?

Et là je m’sens timoré putain pourquoi ?

Saint-Augustin putain sauve-moi

 

Jean-Marie Loison-Mochon

A feu et à sang

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