Dans les bras de notre aube, nous chérissons la Nuit
Début ou fin, on ne sait plus
A dos de rébus, le Jour ébrèche
Nouvelle mèche dans l’horizon nu
Sous les velléités du Vent, on va tête bêche
La louve est la Nuit
Et l’enfant salue sans bruit
Soulevant des mots souples et peu construits
Breuvage et transparence
Regards dans le croissant se mettant de côté
A l’anse du Jour, il avance,
Saluant l’excroissance amenuisée.
Des menuiseries d’étoiles brillaient
Epuisées elles ont cédé ; leurs yeux, défaits.
N’espérez pas du Jour qu’il change
On le sait son jeu tourne à la routine
Trace préremplie que sa course butine
Rappelez-vous qu’à la Nuit viennent les anges
Elle est le seul as, lunaire et mutine.
Au bout de l’Ouest, épelant l’horizon
Un enfant boue, esseulé dans les âges
Babillement sage des rayons
Et ses yeux rient, ondulant sur le passage.
Neuf de l’éternel recommencement
Oncle et fils et père : enfant
Un homme encense les reflets blancs
Sommant la Nuit de briller pour l’extravagance
Chemin d’union-désunion
Humant le matin il dit « brillons »
Embryon de patience et de salin
Rideau en fusion dans son bain
Il y a la science à vision certaine
Surtout la sensation, vision humaine
Sous son manteau, la pulsation règne
On sent sa pensée qui s’y baigne
Non sans s’absenter de quelques pas
Seulement pour mieux voir le grand fracas
Là, nuisible à rien on est entier
A l’embouchure du grand antre aveuglé
N’ayez pas peur d’Elle, qui vous embrasse
Un œil aiguisé lui rend et l’enlace
Île égayée, homme épris d’exister
Tout enfant et liberté, passant comme grisé.